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Morts de la rue : 656 personnes décédées en un an 

RCF, le 18 mars 2024 - Modifié le 19 mars 2024
L'Invité de la MatinaleMorts dans la rue : "70 ans après, il y a de plus en plus de personnes qui sont sans chez-soi", alerte Bérangère Grisoni

Le collectif des morts de la rue rend hommage ce mardi aux personnes sans domicile décédées. Entre début 2023 et février 2024, 656 personnes ont été ainsi été répertoriées dans toute la France métropolitaine et en outre-mer.

Hommage aux morts de la rue en 2023. Crédit photo : Gauthier Bedrignans / Hans Lucas.Hommage aux morts de la rue en 2023. Crédit photo : Gauthier Bedrignans / Hans Lucas.

656 décès, c’est le bilan dressé par le collectif les morts de la rue, entre le début 2023 et février 2024. Ce chiffre est en hausse par rapport à une période similaire en 2022-2023, où 611 personnes avaient été recensées.
La majorité des défunts répertoriés cette année par le collectif étaient des hommes : 561, contre 68 femmes.

Un bébé de deux mois

La moyenne d’âge est de 48 ans, le plus jeune avait deux mois, le plus âgé 90 ans. Dans le détail, dix enfants sont répertoriés sur cette période, dont quatre avaient moins de quatre ans. À cela, s’ajoutent sept mineurs âgés de 15 à 19 ans. Enfin, dix personnes avaient plus de 80 ans. "Être en situation de rue ou de squat, en termes d’hébergement, cela n’est pas tolérable", scandalise Bérangère Grisoni, présidente du collectif "Les Morts de la rue". 

L'Invité de la MatinaleMorts dans la rue : "70 ans après, il y a de plus en plus de personnes qui sont sans chez-soi", alerte Bérangère Grisoni

Ces personnes de la rue ont autant de parcours singuliers. "La plupart se retrouvent avec des ruptures de parcours, d'accès au droit et à la santé", précise la présidente. Au milieu des grandes villes, certaines sont comme invisibles. "Ce sont des hommes seuls, des familles monoparentales, des femmes, des enfants mineurs isolés, réparti dans toutes les villes de France", énonce-t-elle. Parmi elles, le collectif recense des travailleurs précaires "qui dorment dans leur voiture, vont à droite à gauche chez des amis, tentent de temps en temps de se payer une chambre d’hôtel."

A peu près chaque jour, deux personnes de la rue meurent du "sans-abrisme" en France. Le collectif des morts de la rue leur rendra hommage, en réalisant, aux arènes de Lutèce, à Paris, un cimetière éphémère en posant leurs noms. "Certains sont connus des associations, de leurs amis les habitants de la rue et d’autres sont très isolés", précise Bérangère Grisoni. 

Tous sans domicile trois mois avant le décès

Les causes de la mort sont diverses : des maladies, des suicides, des overdoses de drogue ou de médicaments, mais aussi des accidents voire des homicides. "Le premier facteur aggravant la mortalité, c'est le fait d'être à la rue", souligne-t-elle. En France, l'espérance de vie atteint 79,2 ans pour les hommes et 85,3 ans pour les femmes. "Les personnes décédées sans chez-soi en France perdent 30 ans d'espérance de vie comparées à la population générale", souligne la présidente. 

Le collectif des morts de la rue rappelle que "trois mois avant leur décès toutes ces personnes vivaient en dehors d’un domicile fixe". Elles sont décédées sur la voie publique, dans des abris de fortune (parking, métro, etc.), des hébergements d’urgence et pour certains dans des centres de soins. 70 ans après l’appel de l’Abbé Pierre, rien n’a changé, constate Bérangère Grisoni. "Dans le faire-part qui liste les noms des décédés, figure une dame de 90 ans, qui venait d'être expulsée en Nouvelle-Aquitaine." Pour elle, "il faut arrêter de gérer le sans-abrisme et le sans-chez-soirisme mais lutter contre tout simplement."

Urgence d'agir pour les sans-logis 

Le rassemblement ce mardi, de 11 h 30 à 13 h aux arènes de Lutèce à Paris, vise à rendre hommage à toutes ces personnes, mais aussi à rappeler l’importance d’agir sur la crise du logement et de développer l’hébergement d’urgence. Le collectif des morts de la rue rassemble une cinquantaine d’associations en France. Elles répertorient les victimes sur l’ensemble du territoire métropolitain, mais aussi en outre-mer. À Paris, lieu du siège social, le collectif s’associe avec la ville pour accompagner, au cimetière de Thiais, tous les morts isolés. Parmi elles, ce ne sont pas uniquement des personnes sans chez soi. "À Paris notamment, les trois quarts des morts isolés étaient des personnes avec chez soi", constate Bérangère Grisoni. 

Leurs bénévoles assistent également aux obsèques. Un hommage à la fois civil et citoyens. La présidente rappelle qu’"une cinquantaine de bénévoles les accompagnent jusqu'à la tombe". 

Si une majeure partie des morts de la rue est identifiée, certains restent anonymes lorsque aucune famille n’est trouvée.  La liste publiée n’est pas définitive, le décompte s’arrêtant au 21 février 2024. "Les Morts de la rue", sont les seuls à réaliser un décompte au jour le jour. "De façon générale, il y a encore trop peu de données sur les personnes sans-abris et les personnes sans chez-soi", insiste Bérangère Grisoni. Le 5 novembre prochain, le collectif publiera sa 12ème enquête épidémiologique sur les décédés dans la rue.

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