Promesse tenue ? "Nous rebâtirons Notre-Dame plus belle encore et je veux que ce soit achevé d'ici cinq années", déclarait Emmanuel Macron le 16 avril 2019, au lendemain de l'incendie qui dévora les entrailles de la cathédrale parisienne. Grâce aux efforts des restaurateurs, ce qui semblait une incantation chimérique pourrait se transformer en pari réaliste. La réouverture au culte et au public est prévue fin 2024.
Dans un contexte social et politique explosif, déplacement sous haute surveillance. Vendredi 14 avril, l'île de la Cité est évacuée avant la venue du président de la République. Quatre ans jour pour jour après le drame, Emmanuel Macron fait un point d'étape de la reconstruction de Notre-Dame. Bottes, combinaison et casque sur la tête, il déambule de la nef au transept, parcourt les échafaudages. Admire le tabouret, socle de bois qui supportera la nouvelle flèche, dont la pose ne devrait plus tarder maintenant. Échange avec les artisans qui participent à la renaissance de l'édifice. "Ce chantier rassemble des compétences, des expertises, des ressources venues de tous horizons au service de Notre-Dame", note François Icher, historien spécialiste des chantiers cathédraux.
Ce chantier rassemble des compétences, des expertises, des ressources venues de tous horizons au service de Notre-Dame
"On a bien sûr les métiers traditionnels de la pierre, du bois, du verre, du métal", énumère-t-il, mais la spécificité du chantier actuel de Notre-Dame de Paris, c'est d'y ajouter la présence d'archéologues, d'historiens, de géologues, de spécialistes de la pierre, du bois, du verre, du métal, des ingénieurs, des spécialistes du numérique", liste encore le chercheur associé au CNRS. "C'est un chantier où se côtoient au quotidien tradition et modernité".
Les compagnons d'aujourd'hui sont les héritiers des premiers bâtisseurs, quelques facilités en plus. "Si on prend l'exemple d'un tailleur de pierres, on l'imagine volontiers tenant un maillet et un ciseau, mais il y a également des ciseaux pneumatiques aujourd'hui qui permettent de travailler plus rapidement", explique François Icher. "L'électricité et le numérique sont apparus, donc c'est un chantier où il y a un savant dosage entre gestes, traditions et techniques du Moyen Âge d'une part, et d'autre part l'appui du numérique et des scientifiques, qui apportent une extraordinaire plus-value à ce chantier". Le progrès n'enlève rien au sentiment de grandeur qui, au XXIe comme au XIIIe siècle, anime ceux qui défient le ciel. "J'aime cette image de gens ordinaires qui participent à un chantier extraordinaire", confie l'expert de l'univers cathédral.
"L'incendie, en soi, n'est pas exceptionnel. Toutes les cathédrales ont connu des incendies, ce compagnon de route", ose l'historien. En 1836, des ouvriers enflamment par négligence la charpente de la cathédrale de Chartres. En 1972, un feu géant embrase la toiture de celle de Nantes. La même cathédrale traverse à nouveau l'épreuve des flammes, en 2020 ; un incendie d'origine criminelle, cette fois. "Ce qui a frappé le 15 avril 2019, c'était de voir Notre-Dame en feu, car Notre-Dame, c'est un statut particulier", reconnaît François Icher. "Cela peut paraître paradoxal, mais chaque tragédie est l'occasion de mieux connaître un édifice", convainc-t-il.
Cela peut paraître paradoxal, mais chaque tragédie est l'occasion de mieux connaître un édifice
"On va avoir une cathédrale encore plus belle, encore plus majestueuse, encore plus lumineuse après la restauration", croit-il, évoquant rien de moins qu'une "résurrection". Huit jours après Pâques, le terme sied.
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