Plusieurs centaines de chefs d'entreprises se retrouvent ce lundi 13 mai à Versailles pour la 7ème édition du sommet Choose France. 15 milliards d'euros d'investissements sont annoncés dans un contexte de relocalisation et de retour de l’attractivité française. Mais quelle place pour l’agriculture ? La ministre délégué auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, est l'invitée de la matinale.
Le sommet Choose France est un événement majeur pour les secteurs industriels et agricoles, les investissements étrangers permettant la création de nombreux emplois. Dans ce contexte, Agnès Pannier-Runacher témoigne de la manière dont le gouvernement gère la crise agricole, notamment par le projet de loi d’orientation agricole, tout en affrontant les contestations écologistes qui contredisent les mesures du gouvernement.
A titre d'exemple, une promesse d'investissement de 50 millions d’euros a été annoncée par le leader mondial de la pomme de terre McCain. Selon Agnès Pannier-Runacher, “moderniser les usines, c’est les rendre plus productives avec des emplois supplémentaires”, donnant ainsi des perspectives aux cultivateurs de pomme de terre français. La ministre délégué promet que ces investissements permettront "la création d’emplois accessibles à tous les niveaux de formations et très bien rémunérés”.
Des emplois qu’elle décrit mieux rémunérés que la moyenne, certes, mais des exceptions demeurent. Notamment avec Amazon. L'entreprise américaine multiplie la création d'emplois payés au smic, par des investissements de plus de 3 millions d’euros dans des centres de logistique. Selon notre invitée, “Amazon fait partie de ces sociétés qui donnent leur chance à des gens sans formation professionnelle approfondie, leur offrant des perspectives de carrière.”
Agnès Pannier-Runacher déplore le rôle des gouvernements dans le chômage de masse, en particulier dans le secteur industriel. La ministre constate qu'entre 2000 et 2015, la France à détruit un millions d’emplois industriels. Félicitant ainsi la majorité présidentielle dont elle fait partie, de la création de 100 000 emplois dans ce secteur depuis 2015. Elle partage sa vision de "l'effet de locomotive” de la création de l’emploi industriel : “pour un emploi industriel, 3 à 4 emplois sont créés sur le terrain, de sous traitant ou dans les services publics”.
Interrogée sur la crise agricole française, Agnès Pannier-Runacher constate deux causes majeures : le dérèglement climatique, et la guerre russo-ukrainienne "dont l’impact sur le coût de l’énergie est pénible à assumer pour les agriculteurs". Le projet de loi d’orientation agricole, comme réponse du gouvernement à la crise agricole, sera présenté à l'Assemblée Nationale cette semaine. Si la ministre croit en son efficacité, elle précise qu’il n’est qu’un des 70 éléments de réponse du gouvernement qui seront engagés sur l’année 2024. Ce projet de loi s'appuie sur deux axes explique Agnès Pannier-Runacher : “il répond au besoin des agriculteurs en pensant l'agriculture comme une exclusivité souveraine fondamentale pour la nation et cherche à faciliter l'installation des nouveaux agriculteurs pour répondre aux nombreux départs à la retraite à venir”.
"Nous avons constaté un mouvement de manifestations dans le Puy-de-Dôme contre les méga-bassines" déplore la ministre. Alors que la Confédération Paysanne appelle à un moratoire national sur ces grandes retenues d'eau, Agnès Pannier-Runacher conteste fermement cette demande puisqu’elle juge que “la Confédération Paysanne n’est pas représentative sur les sujets du monde agricole”. La ministre estime que "le dérèglement climatique conduit à une nécessité de stratégie en matière d’eau, principalement vers un objectif de sobriété visant une diminution de 10 %". La polémique des bassines n’a pas lieu d’être selon elle, car “mieux gérer les ressources en eau, c’est être capable de la stocker lorsqu’on a des précipitations”. Elle dément l’impact des méga-bassines, dont la construction serait décidée uniquement à partir d’autorisations environnementales. Elle promeut une “responsabilité politique face au dérèglement climatique”.
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