Cholet
Le contexte économique se durcit et la liste des plans sociaux s'allonge en France : Michelin, Auchan en tête. Le gouvernement et les syndicats redoutent une tendance lourde aux suppressions d'emplois. Les raisons sont multiples.
Le gouvernement entre dans une période très compliquée avec l’enchaînement de grèves et la multiplication des plans sociaux. Les plus emblématiques ont été annoncés le 5 novembre par Auchan (2400 emplois) et Michelin (1250 postes) mais on compte aussi Nexity (900) ou Vencorex en Isère placé en redressement judiciaire en octobre (475 emplois).
De l’aveu même du ministre de l’Industrie Marc Ferracci, il faut s’attendre à des milliers de suppressions de postes dans les prochains mois. La CGT redoute la disparition de 150 000 emplois. Mais pourquoi autant de licenciements en France actuellement ?
"Il y a pas une seule raison, mais plusieurs facteurs structurels et conjoncturels" analyse Stéphanie Villers, économiste chez PwC . "Des secteurs ont été pénalisés par la hausse des taux d'intérêt comme l’immobilier et le secteur de la construction. Il y a aussi toutes les problématiques autour du secteur automobile et cette concurrence féroce avec l'industrie chinoise. D’autres entreprises n’ont pas réussi non plus à prendre le virage du numérique".
"Le secteur industriel souffre globalement, notamment face à la concurrence internationale, face à la question des prix de l'énergie, des besoins de décarbonations qui sont importants" ajoute Mathieu Plane économiste directeur adjoint de l’OFCE. Mais les grands groupes sont un peu la partie cachée de l’iceberg. "On a, par exemple, beaucoup de petites entreprises, notamment dans le commerce, l'hôtellerie, la restauration, qui sont touchées par le fait qu'on a un pouvoir d'achat qui ne se porte pas très bien" poursuit l’économiste.
Par ailleurs, un réajustement s’opère sur les défaillances d’entreprises. En temps normal, il y a entre 45 000 et 67 000 faillites d'entreprises en France chaque année. Mais durant la crise, ce chiffre a chuté à 28 000. "Pendant toute la période 2020-2021, il y a eu les prêts garantis par l'État. Certaines entreprises en ont bénéficié, mais elles étaient déjà fragilisées dans leur activité avant le Covid. En fait, elles ont été maintenues en vie artificiellement. Au moment de devoir rembourser ces prêts elles sont face à une incapacité de payer donc ça déclenche des faillites" explique Stéphanie Villers.
Cette situation a donc forcément une conséquence sur l’emploi. Le nombre de chômeurs est en légère hausse d'après les chiffres de l’Insee publié mercredi. Le taux de chômage se situe 7,4 %, soit 0,1 % de plus. L’OFCE envisage un taux à 8 % l’an prochain. "On est vraiment au bout d'un cycle dans lequel on a eu d'abord beaucoup de création d'emplois" poursuit Mathieu Plane. "Il y a eu 15 trimestres de forte création d'emplois, extrêmement soutenus par les politiques publiques. Il y a encore un an, on parlait de difficultés de recrutement. Désormais, la question est comment préserver l'emploi ?". Vu que les comptes publics sont dans le rouge, cela fait qui forcément de peser un sur les politiques de l'emploi et des aides aux entreprises.
Un autre facteur d’inquiétude existe pour les entreprises, le contexte international, notamment depuis l'élection de Donald Trump. "Va-t-il mettre en pratique les annonces qu'il a faites, sur les barrières douanières et les taxes ?" s'interroge Mathieu Plane. Cela pourrait impacter les secteurs exportateurs.
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