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Procès de l’assassinat de Samuel Paty : comment prévenir la radicalisation ?

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 5 novembre 2024 - Modifié le 5 novembre 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... Le procès de Samuel Paty

Le procès de l’assassinat de Samuel Paty s’est ouvert hier devant la cour d'assises spéciale de Paris. Il durera jusqu'au 20 décembre. Huit adultes sont jugés, accusés d'avoir contribué à la campagne de haine ayant conduit à l'assassinat de ce professeur d’histoire-géographie en octobre 2020. Pour décrypter les enjeux de ce procès, Maître Yves Monneris, avocat pénaliste et enseignant à l’université Paris Panthéon-Assas, apporte son éclairage.

Samuel Paty © DRSamuel Paty © DR

Durant le premier jour du procès, la justice examine "l’engrenage" qui a conduit à la mort du professeur du collège de Conflans-Sainte-Honorine.

Prévenir la radicalisation

Deux qualifications sont retenues contre les accusés : complicité de l’assassinat de Samuel Paty et association de malfaiteurs dans le cadre d’une entreprise terroriste. Au-delà de la procédure judiciaire, il est essentiel de comprendre les mécanismes psychologiques qui ont pu conduire à la radicalisation de ces huit accusés, souligne Yves Monneris. "La radicalisation n’est possible qu’en présence d’esprits fragiles. Le phénomène de radicalisation consiste à exploiter ces esprits fragiles par des individus hautement intelligents qui cherchent à déstabiliser l’État", explique l’avocat pénaliste. La religion est ici utilisée comme un vecteur.

La thèse de la défense, dans ce dossier, est celle de l’engrenage : des individus se sont rassemblés, de manière directe ou indirecte, sans en envisager les conséquences tragiques

Ce procès interroge également la mise en réseau de ces personnes. Avec les nouvelles technologies de l’information, l’accélération et la multiplication des moyens de communication, il est facile de toucher un grand nombre de personnes simultanément, explique Yves Monneris. Les réseaux sociaux jouent un rôle de catalyseur. "La thèse de la défense, dans ce dossier, est celle de l’engrenage : des individus se sont rassemblés, de manière directe ou indirecte, sans en envisager les conséquences tragiques." Pour prévenir ce phénomène, les services de sécurité de l’État ont pour mission d’identifier ces individus, ajoute l’avocat pénaliste.

La justice pour mineurs : un rempart essentiel

À l’issue d’un procès à huis clos, six anciens collégiens, âgés de 13 à 15 ans au moment des faits, ont été condamnés par un tribunal pour enfants le 8 décembre 2023. La justice des mineurs se distingue par des sanctions répressives mais également éducatives. "Elles sont extrêmement importantes. Par exemple, le fait d’extraire de jeunes enfants de leur cellule familiale pour les placer ailleurs afin qu’ils ne soient plus exposés à des messages de radicalisation. Les maintenir dans leur milieu peut poser le risque de les voir devenir des terroristes adultes", explique l’avocat pénaliste.

Le rôle des parents est préventif : vigilance et contrôle. Les enfants et adolescents peuvent avoir des esprits vulnérables, susceptibles d’être influencés par des individus plus manipulateurs

Le rôle des parents est également en question dans ce nouveau procès, notamment celui de Brahim Chnina, accusé d’avoir sciemment relayé, dans le cadre d’une entreprise terroriste, des messages qu’il savait inexacts, émis par sa fille, élève de Samuel Paty, explique Yves Monneris. "Le rôle des parents est préventif : vigilance et contrôle. Les enfants et adolescents peuvent avoir des esprits vulnérables, susceptibles d’être influencés par des individus plus manipulateurs."

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