Lundi 24 mars, cela fera un mois que le procès de Joël Le Scouarnec s’est ouvert à la cour criminelle du Morbihan. L’ex-chirurgien est jugé pour des faits de viols et d'agressions sexuelles aggravées, commis sur près de 300 victimes, âgées en moyenne de 11 ans. Le journaliste Hugo Lemonier a consacré un livre-enquête à cette affaire.
"J’étais un peu passé à côté de cette affaire en 2019 quand cela a été révélé ", se souvient Hugo Lemonier. Surprenant, quand on sait que le journaliste indépendant suit depuis près d’un mois le procès à Vannes pour Mediapart. Surprenant également quand on sait qu’il a passé trois ans à travailler sur cette affaire pour aboutir à la publication en février dernier, aux éditions Nouveau monde, d’un livre-enquête : Piégés, dans le journal intime du Dr. le Scouarnec.
Un ouvrage où Joël Le Scouarnec n’est pas le personnage central. Un parti pris assumé par l’auteur. "Se mettre dans la tête d’un violeur en série, c’est entretenir une fascination pour la violence, pour ce prédateur et vous êtes en train de mettre en scène sa toute-puissance", détaille Hugo Lemonnier.
Le journaliste, dans ce livre-enquête, a choisi plutôt de "rentrer en empathie avec les victimes". Celles qui témoignent depuis près d’un mois dans ce procès. Il a d’ailleurs pu s’entretenir avec plusieurs d’entre elles, dont les nièces de Joël Le Scouarnec.
Mais Hugo Lemonier n’omet pas les autres : "Je me suis rendu compte que certaines victimes qui avaient été désignées comme tel n’ont jamais été recherchées". Ce jeudi 20 mars, le parquet général de Rennes a annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête préliminaire concernant des victimes éventuellement non identifiées ou nouvellement déclarées de Joël Le Scouarnec.
Ce n'est pas un génie du mal. C'est un type
qui avait le champ libre à l'hôpital
"L'affaire Le Scouarnec, c'est un miracle judiciaire, lance-t-il. On n'était pas supposé tomber sur ce journal intime, retrouver toutes ces victimes". En étudiant le dossier judiciaire, procès-verbal par procès-verbal, le journaliste reprend toute la chronologie de l'affaire. "Ce n'est qu'à la faveur d'une expertise informatique, grâce à l'exploitation de ce matériel par une gendarme. Ce n'est que par la grâce de son travail et de son acharnement qu'on va découvrir ce fameux journal intime qui va devenir la scène de crime".
Hugo Lemonier a eu accès à ces carnets personnels de Joël Le Scouarnec. De quelle manière ? "Secret des sources..."
Une découverte qui, pour le journaliste, ne fait pas oublier "l'ampleur des dysfonctionnements dans la première affaire en 2004 pour 'détention d'images à caractère pédopornographiques'". Malgré tout, Joël Le Scouarnec a continué à exercer. Et d'égrainer : dysfonctionnement à l'hôpital, avec l'ordre des médecins...
"C'est une chaîne de dysfonctionnements : il aurait suffi qu'un seul acteur joue son rôle jusqu'au bout, on n'en serait pas là. On n'aurait pu l'arrêter ! C'était déjà trop tard puisqu'il avait déjà fait plus de 250 victimes mais on aurait pu en épargner d'autres", déplore Hugo Lemonier.
Et de conclure : "Joël Le Scouarnec, ce n'est pas un prédateur particulièrement intelligent, ce n'est pas un génie du mal. C'est un type qui avait le champ libre à l'hôpital".
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