Maine-et-Loire
Il y a des régions qui protestent ouvertement et d'autres plus silencieuses. Partout en France, les budgets se resserrent. Comment concilier dette du pays et économie locale sans couper l'herbe sous le pied à des projets stimulants ? Un dilemme abordé dans l'émission Je pense donc J’agis présentée par Madeleine Vatel et Melchior Gormand.
La France subit "une dette abyssale" obligeant une réduction de budget pour l’ensemble des secteurs publics, et notamment pour les collectivités locales. Tandis que François Bayrou a annoncé le 14 janvier 2025 que "l’effort financier demandé aux collectivités sera ramené de 5,5 milliards d’euros à 2,2 milliards", le manque de moyens provoque de sérieux problèmes dans les régions et les départements. La décentralisation, qui offrait une réelle efficacité des investissements locaux et des réalités spécifiques des territoires, fait face aux défis de la réduction du budget. Comment agir ?
Les réductions de budget dues à la dette qu’endure la France impacte directement les collectivités locales qui les subissent "alors qu'elles ne peuvent pas juridiquement se retrouver en déficit", relève Johan Theuret, cofondateur du think-tank associatif Sens du service public et directeur général adjoint chargé des ressources de la Ville et Métropole de Rennes en Bretagne. L'État se retrouve obligé de réduire le budget donné aux départements, aux communes et aux régions.
Ces réductions ont une incidence : "le manque de confiance entre les collectivités locales et l'État est un vrai problème", souligne Johan Theuret. Mais "la confiance entre les habitants et ces collectivités pose aussi des complications", complète François Journy, président et fondateur de Politeia, cabinet de consultants dédié aux questions de l’action publique locale. "Pourtant essentielle, la confiance est très fragile et elle a été profondément entachée", ajoute Thomas Fromentin, président de l'agglomération Foix-Varilhes et vice-président de l’association Intercommunalités de France.
Thierry un auditeur vient témoigner de son expérience. "J'ai trois projets de restauration en attente, parce que l'instabilité gouvernementale fait que le département de l’Isère ne sait pas à quelle sauce il va être mangé. Il n’est pas capable de voter son budget, et donc il ne sait pas comment attribuer des subventions". Les avantages en termes d’investissement locaux qu’a apporté la décentralisation se retrouvent menacés par cette réduction de budget. "L’exemple donné par cet auditeur qui vit en Isère illustre très bien les conséquences de cette instabilité. Les collectivités locales sont appelées à contribuer au redressement des comptes publics. Forcément, il faut qu’elles équilibrent leur budget, et pour ce faire, il faut réduire les dépenses. Et les premières sur lesquelles il est facile d’agir sont les dépenses d’investissement", réagit Johan Theuret.
Derrière cette situation difficile, c'est aussi la question du débat démocratique qui s'invite et de la transparence du service public. Pour François Journy, " actuellement, il faut que les élus locaux puissent rendre compte des dépenses, mais pas des recettes. Donc il ne peut pas y avoir de débat sur le périmètre. De plus, ce périmètre est complètement illisible, personne ne sait qui fait quoi dans l'enchevêtrement des structures publiques. Et aucune d’entre elles ne va remettre en cause l'utilité de son action. On ne peut pas demander à une structure de penser sa mort".
Les solutions sont encore en recherche, mais une chose est certaine, pour Thomas Fromentin, "il faut renouer la confiance, puis simplifier le mille-feuille administratif et l'action publique et il y aura efficacité dans la manière dont nos politiques publiques seront mises en œuvre".
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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