
Du 4 au 6 mars se déroulent les journées mondiales de l’obésité. En France, près de 10 millions de personnes en souffrent avec une progression dans toutes les catégories de population. L’arrivée de nouveaux médicaments est en train de révolutionner la prise en charge de l’obésité sévère.
Ils ont pour noms Wegovy, Mounjaro ou encore Saxenda. Ces trois médicaments dits "anti obésité", autorisés en France, vont en fait imiter l’action de l’hormone intestinale (GLP1) indiquant au cerveau que nous avons mangé. On appelle ces molécules des "analogues du GLP-1".
Elles stimulent la sécrétion d’insuline et procurent une sensation de satiété. ces médicaments s'apparentent à une véritable révolution contre l’obésité, mais aussi dans le traitement du diabète. 93 % des personnes obèses souffrent aussi d’un diabète de type 2.“Ces médicaments ont plusieurs effets : le premier est l’efficacité sur la glycémie, le deuxième est sur le poids. En revanche, il y a beaucoup d’effets secondaires mais tout à fait supportables au regard du bénéfice qu’ils apportent à la fois sur l’équilibre glycémique, la perte de poids et la prévention cardiovasculaire” explique Jean-François Thébaud, vice-président de la Fédération des diabétiques de France.
Les personnes obèses peuvent espérer perdre en moyenne entre 20 et 15 % de leur poids selon les molécules.“ L’obésité est une maladie grave, chronique et irréversible, c’est-à-dire que tant que le traitement est administré il y a un bénéfice, quand on arrête l’obésité reprend. Dans certains cas tellement sévères, il n’y a pas d'autre solution que la chirurgie ou ce type de médicaments. Ils ne vont pas tout faire, mais ils ont une place dans l’arsenal thérapeutique" estime le Pr Jean-Michel Lecerf, ancien chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille. Ces traitements arrivent alors que l'obésité ne cesse de progresser, selon les prévisions de l'OMS, d'ici 2030 29% de la population française sera concernée.
En France, ces médicaments sont destinés à des personnes adultes de 18 à 65 ans souffrants d’obésité sévère, avec un indice de masse corporel, supérieur ou égal à 35. La prescription est très encadrée, l'ordonnance doit être rédigée uniquement par un médecin spécialisé en endocrinologie-diabétologie-nutrition. Le renouvellement peut être fait par un généraliste. Ce médicament doit être utilisé uniquement en deuxième intention. C'est à dire en cas d'échec de la prise en charge nutritionnelle en association à une activité physique. "Ces médicaments ne remplacent pas une bonne alimentation. S’occuper de son alimentation ce n’est pas entrer en régime, c’est modifier progressivement son alimentation" souligne le Pr Lecerf.
Outre l’alimentation, une dizaine de facteurs entrent en compte dans l’obésité comme la génétique, l’arrêt du tabac, le stress, des polluants comme les perturbateurs endocriniens. Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif National des Associations d'Obèses (CNAO) rappelle qu’il existe “des inégalités métaboliques” entre les personnes obèses et celles qui n’en sont pas atteintes. L’arrivée de ces médicaments est pour elle “une chance”.
Le Collectif National des Associations d'Obèses lançait lundi les premiers états généraux de l’obésité ministère de la Santé, avec pour objectif de travailler avec différents intervenants du monde médical, mais aussi de la restauration collective ou de l’agroalimentaire. À cette occasion, le CNAO a présenté son rapport pour de lutter contre la stigmatisation à l’encontre des personnes obèses et demander que la lutte contre l’obésité devienne une grande cause nationale. "Nous réclamons haut et fort un engagement politique puissant de l’Etat, pour avoir l’équivalent d’un plan cancer, pour l’obésité. Pour pouvoir faire un travail à la fois sur la production alimentaire, sur la transformation, l’affichage marketing, la formation des personnels de santé pour nous prendre en charge de la façon la plus optimale possible" plaide Anne-Sophie Joly.
Aucun de ces médicaments anti-obésité n’est actuellement remboursé par la sécurité sociale. Mais le Wegovy restera gratuit jusqu'à fin la fin de l’année pour pour les 3.000 patients traités, qui ont pu bénéficier d'un accès précoce, à l’hôpital, avant sa mise sur le marché.
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