Teilhard de Chardin et Charles de Foucauld, deux figures pour la Semaine Sainte

Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) est un jésuite, paléontologue, membre de l’académie des sciences qui a travaillé sur l'évolution de la matière, de la vie et de l'univers. Il a aussi participé à la découverte de l'homme de Pékin, un sinanthrope. Il a été un pionnier dans la relation entre science et foi, création et évolution. Après avoir été officier de l’armée française, Charles de Foucauld (1858-1916) a consacré sa vie aux Touaregs, prônant la fraternité et la foi au cœur du désert, jusqu’à sa mort en martyr. Il a été déclaré saint le 15 mai 2022. 

Deux scénarios de conversion très différents  

Dans le livre Le scientifique et l'ermite, Pierre Teilhard de Chardin et Charles de Foucauld dialoguent de manière fictive. Un duo imaginé par Thierry Magnin en raison de nombreuses convergences qui existent entre eux. 

Jésus, dans sa bonté, dans sa manière d'être et de vivre, va être au centre de sa vie

"Ils ont notamment une dévotion au cœur de Jésus, tous les deux. Et l'action de Jésus dans leur vie", témoigne le prêtre. Teilhard de Chardin pensait que c'est le Christ universel de Saint-Paul qui conduisait l'évolution de l'univers, de Alpha à Omega. Il voyait un principe d'unité dans la création. Et Charles de Foucauld va vivre une expérience de conversion dans l'église Saint-Augustin à Paris. "Jésus, dans sa bonté, dans sa manière d'être et de vivre, va être au centre de sa vie", confie à son égard Thierry Magnin. 

En outre, ces deux conversions s’inscrivent dans un contexte de vie particulier. Teilhard de Chardin alors brancardier pendant la guerre de 1914-1918, a vu la solidarité des tirailleurs marocains avec lesquels il cheminait. "La vie plus forte que la mort lui a donné ses intuitions fondatrices, explique le président recteur délégué. Comme Saint-Augustin, Charles de Foucauld, chrétien de souche, était en quête de sens et c'est justement dans l’église Saint-Augustin qu'il va recevoir le cœur du Christ.

L’amour du Christ : un trait d’union entre ces deux figures spirituelles

Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés de leur vivant. Même s’ils auraient pu car Teilhard avait 35 ans quand Charles est mort.

C'est le même amour, c'est l'amour du Christ qui les fait se rejoindre

"Charles de Foucauld dit qu'à partir du cœur du Christ, il faut devenir des évangiles vivants", révèle père Thierry Magnin. Jésus, à 30 ans, apprenant son métier, au cœur même du monde à l'école de Nazareth, montre la pertinence de cette parole. La visitation de Marie à Élisabeth quand l'enfant tressailli en elle est une autre illustration. Pour Teilhard, Jésus est au cœur de l'évolution du monde, de la matière et de l’énergie. Il le constate à travers l'union créatrice présente dans l'ensemble de l'univers. 

Deux trajectoires totalement différentes. Mais pour ces deux figures, "c'est le même amour, c'est l'amour du Christ qui les fait se rejoindre". 

Semaine sainte : des enseignements porteurs d’espérance 

Au commencement de cette semaine menant vers Pâques, les deux hommes délivrent des enseignements encore très actuels. 

Quand le cœur de l'homme s'ouvre au Christ, il y a une force de vie plus forte que toute mort, qui nous responsabilise mais qui nous fait voir l'avenir autrement

Charles de Foucauld disait : "Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ton intelligence. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même". Pendant la dernière partie de sa vie, il a cheminé avec des Touaregs, musulmans et pauvres. "Il nous montre qu'il n'y a rien qui puisse arrêter l'amour de Dieu", et ce quelque soit les différences ethniques, de culture, de religion. La relation avec un autre est une relation où on découvre Dieu et où on peut faire alliance. Ainsi, "la résurrection est déjà à l'œuvre", s’exclame le prêtre. 

Et Teilhard met en lumière "le point Oméga, représentant le Christ total, attire à lui tout l'univers. Par la croix, le Christ nous encourage à construire un monde où la vie est plus forte que la mort".

"Quand le cœur de l'homme s'ouvre au Christ, il y a une force de vie plus forte que toute mort, qui nous responsabilise mais qui nous fait voir l'avenir autrement", encourage enfin Thierry Magnin.