Que célèbre vraiment l’Église pendant la Semaine sainte ?

La Semaine sainte, qui culmine avec le Triduum pascal, n’est pas une semaine comme les autres. Elle est, selon les mots de Simon Juan, responsable de la pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse de Montpellier, "le cœur battant de l’année liturgique".

C’est au cours de ces quelques jours que les chrétiens revivent les derniers moments de la vie de Jésus : son entrée à Jérusalem, son dernier repas, sa passion, sa mort et sa résurrection. Une montée progressive vers la joie de Pâques, au rythme de célébrations d’une rare intensité.

Des racines profondément bibliques

La fête de Pâques, bien avant d’être chrétienne, plonge ses racines dans la tradition juive. Le mot araméen "Pessah" signifie "passage". Ce passage évoque à la fois celui de l’ange exterminateur en Égypte, qui épargne les maisons marquées du sang de l’agneau, et celui du peuple hébreu franchissant la mer Rouge vers la liberté.

Jésus, en bon juif, célèbre les fêtes traditionnelles de son peuple. Mais il en transforme le sens : en mourant et ressuscitant à Pâques, il devient lui-même le véritable Agneau, accomplissant définitivement le salut annoncé dans les Écritures.

Un double mouvement : divin et humain

Comme le rappelle Simon Juan, la Pâques chrétienne n’est pas seulement un événement historique : elle porte un double mouvement. D’un côté, le projet d’amour et de salut de Dieu s’accomplit pleinement dans le Christ. De l’autre, chaque croyant est invité à vivre sa propre Pâques, un passage intérieur de l’esclavage du péché à la liberté des enfants de Dieu.

C’est ce que saint Paul exprime dans la première lettre aux Corinthiens (5, 7-8) : "Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle […] car notre Pâque, le Christ, a été immolé".

Le Triduum pascal : trois jours qui changent tout

Au cœur de cette semaine sainte se trouvent les trois jours du Triduum pascal : le Jeudi saint, mémoire de la Cène et de l’institution de l’Eucharistie ; le Vendredi saint, méditation sur la croix et la mort du Christ ; et enfin la Vigile pascale dans la nuit du samedi au dimanche, sommet de la liturgie où l’on célèbre la résurrection.

Ce Triduum n’est pas une suite d’événements séparés mais une seule célébration étendue sur trois jours, un chemin vers la lumière pascale.

Pourquoi vivre la Semaine sainte ?

Participer aux offices de la Semaine sainte, c’est entrer dans le mystère pascal. C’est accepter de laisser Dieu nous rejoindre dans nos fragilités, nos combats, nos espérances. C’est aussi vivre un temps fort d’unité et de foi, dans nos communautés paroissiales.

Plus qu’un devoir religieux, c’est un appel à renaître, chaque année, à une vie plus profonde, plus vraie, à l’image du Christ ressuscité.