Hérault
Un an après le début des mobilisations agricoles, les avancées sont tangibles : fonds d’urgence, fiscalité allégée, simplification administrative amorcée. Mais entre crises politiques et accords internationaux, les défis restent nombreux pour le monde agricole.
En janvier 2024, des milliers d’agriculteurs de toutes filières se rassemblaient à Toulouse pour exprimer leurs revendications et alerter sur les crises systémiques affectant le monde agricole. Un an plus tard, si des progrès notables sont enregistrés, les obstacles restent nombreux, notamment face à l’instabilité politique et aux enjeux internationaux comme le Mercosur.
La mobilisation agricole a permis d’obtenir des résultats significatifs, notamment pour la viticulture, une des premières à tirer la sonnette d’alarme en octobre 2023.
Un fonds d’urgence de 13 millions d’euros a été débloqué pour les viticulteurs héraultais, affectés par la sécheresse de 2023. "Ce n’est pas une solution définitive, mais cela permet de souffler", reconnaît Jean-Pascal Pelagatti, viticulteur et membre du conseil d'administration de la FDSEA de l'Hérault.
D'autres mesures, comme l’exonération de la taxe foncière sur le foncier non bâti (TFNB), ont été obtenues pour l’ensemble des filières agricoles.
Toutefois, certaines réformes, comme la simplification administrative ou la transposition des règlements européens, ont été ralenties par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, puis par une censure parlementaire en décembre. "Ces événements nous ont fait perdre près de six mois de travail", regrette Jean-Pascal Pelagatti.
Alors que le secteur agricole commence à se relever, un autre enjeu inquiète : les traités de libre-échange avec les pays du Mercosur. Ces accords, encore en négociation, pourraient avoir un impact dévastateur sur les filières de l’élevage et des céréales.
"La Commission européenne semble profiter de la fragilité politique en France pour avancer dans ces discussions", souligne M. Pelagatti.
La FDSEA maintient son opposition ferme, rappelant l’engagement du président Macron à rejeter cet accord. Cependant, la situation reste incertaine, les négociations relevant du niveau européen.
Malgré ces défis, le monde agricole continue de s’appuyer sur un soutien populaire renforcé.
"La mobilisation a permis de sensibiliser le grand public à nos problématiques", se félicite Jean-Pascal Pelagatti.
Par exemple, des enseignes comme E.Leclerc et Lidl ont cessé de proposer certains vins et miels étrangers suite aux revendications agricoles.
Face aux critiques de syndicats rivaux, qui reprochent à la FDSEA une approche jugée trop conciliante avec le gouvernement, Jean-Pascal Pelagatti défend une stratégie pragmatique : "Manifester pour casser ou faire du populisme n’a aucun intérêt. Nous préférons proposer des solutions concrètes et travailler avec les instances publiques."
La mobilisation a ouvert des portes, mais de nombreux combats restent à mener. L’accès à l’eau, crucial face aux bouleversements climatiques, figure parmi les priorités. Quatre nouvelles réserves d’eau sont en projet dans l’Hérault, un effort soutenu par la FDSEA en partenariat avec les collectivités locales.
En parallèle, des projets innovants, comme le développement de cépages résistants et la réduction des intrants phytosanitaires, montrent que l’agriculture française se tourne vers l’avenir. Cependant, ces avancées dépendent d’un engagement politique constant et d’une unité au sein du monde agricole, souvent divisé.
Un an après, le bilan est donc en demi-teinte. Si certaines victoires permettent aux agriculteurs de souffler, les crises successives et les menaces internationales rappellent que la mobilisation doit continuer pour assurer un avenir viable à la Ferme France.
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