François Bayrou ne croit pas au retour à 62 ans, a-t-il laissé entendre dimanche 16 mars, cristallisant par la même occasion les tensions. Le conclave semble patiner : plusieurs organisations syndicales ont demandé hier à Matignon de clarifier la position du gouvernement après les propos du Premier ministre, qu'elles jugent "incompréhensibles". La CFTC, de son côté, plaide pour un régime universel par points qui prenne en compte la pénibilité et non le statut. Décryptage de la situation avec Cyril Chabanier, président de la CFTC.
Le Premier ministre avait rouvert le dossier de la réforme des retraites. Lors de son discours de politique générale en janvier, le Premier ministre avait annoncé que les discussions seraient menées "sans totem ni tabou". Ses dernières déclarations ont cependant chamboulé l'équilibre du conclave, faisant craindre le départ d’une partie des syndicalistes de la table des négociations.
Le montant touché par une personne à la retraite dépend des revenus d’activité perçus au cours de sa carrière ainsi que de la durée de celle-ci. Le système français repose sur un certain nombre de trimestres à valider pour accéder à une retraite "pleine".
Cyril Chabanier dénonce ce modèle, qu’il qualifie d’injuste par nature. "Si vous travaillez moins de 170 heures par trimestre, même en étant payé et en cotisant pour la retraite, votre semestre ne sera pas validé", explique le président de la CFTC. Il prend également l’exemple de la fonction publique : "Les agents sont de plus en plus rémunérés sous forme de primes, mais celles-ci ne sont pas prises en compte dans le calcul de la retraite."
Les gouvernements successifs choisissent la solution
de facilité avec le recul de l’âge, qui, selon le rapport
de la Cour des comptes, n’est valable qu’à court terme
La CFTC milite pour une réforme systémique afin de supprimer les 42 régimes de retraite existants et les remplacer par un régime universel par points. "C’est un système plus juste, plus égalitaire pour tout le monde", souligne le syndicaliste.
Pour lui, le système actuel, conçu à une époque où il y avait un retraité pour trois salariés, n’est plus viable. Il rappelle que la CFTC a formulé des propositions pour la mise en place d’un régime durable et équilibré. "Les gouvernements successifs choisissent la solution de facilité avec le recul de l’âge, qui, selon le rapport de la Cour des comptes, n’est valable qu’à court terme", insiste Cyril Chabanier.
La CFTC souligne la nécessité de prendre en compte la pénibilité au travail dans le système de retraite. Selon elle, c’est la seule raison qui doit permettre un départ anticipé. "Il y a des métiers beaucoup plus pénibles que d’autres, et cela doit justifier un départ à la retraite plus tôt."
La seule chose qui a du sens et qui représente une véritable justice sociale, c’est la pénibilité du travail
Le syndicaliste prend l’exemple de la RATP : "Un chauffeur de métro à Paris part des années plus tôt à la retraite par rapport à un chauffeur de métro à Marseille, qui est employé d’une société privée". Pour Cyril Chabanier, cette injustice est due aux régimes spéciaux, qu’il faut supprimer.
Cet avis n’est cependant pas partagé par l’ensemble des syndicats, certains restant attachés aux régimes spéciaux, notamment celui des cheminots. Pour la CFTC, "ces 42 régimes n’ont plus de sens en 2025. La seule chose qui a du sens et qui représente une véritable justice sociale, c’est la pénibilité du travail."
Parmi ses propositions, la CFTC suggère de trouver des recettes alternatives pour financer le régime de retraite. Elle appelle notamment à réévaluer les 200 milliards d'euros d’aides accordées aux entreprises et demande un audit pour évaluer leur efficacité.
"Quand vous avez 90 milliards d’aides sociales et 90 milliards d’aides fiscales aux entreprises, on sait qu’une partie de ces aides est inefficace. Si seulement 10 % de ces 200 milliards étaient mieux utilisés, cela représenterait entre 16 et 18 milliards de recettes supplémentaires pour les caisses", explique Cyril Chabanier.
Chaque jour, Louis Daufresne apporte convivialité et regard positif, dans un esprit critique, sur l'actualité au sens large, en compagnie d'une personnalité reconnue et issue du monde intellectuel, religieux, etc.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
Nouvelle-Aquitaine
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !
Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale
Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale
Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale