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En Belgique, une Eglise fragile mais missionnaire

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 25 septembre 2024 - Modifié le 1 octobre 2024
L'invité du week-endEn Belgique, une Eglise fragile mais missionnaire

Le pape est en Belgique à l'occasion du 600e anniversaire de la KU Leuven, l'université catholique néerlandophone belge. Une visite placée sous le signe du renouveau et de l'optimisme, comme l'annonce le slogan de l'événement : "En route avec Espérance". A Bruxelles, François sera reçu par Mgr Luc Terlinden. Sur RCF et Radio Notre-Dame, le primat de Belgique présente le visage de l’Église belge, les enjeux d’évangélisation dans une société déchristianisée et ses espérances pour cette visite papale.

Monseigneur Luc Terlinden ©RCF Radio/ PH Dubois Monseigneur Luc Terlinden ©RCF Radio/ PH Dubois

C'est la première fois en 30 ans qu'un pape se rend en Belgique ; la dernière visite remonte à celle de Jean-Paul II en 1995. Preuve de l'émotion suscitée par ce voyage pontifical : en moins de deux heures, toutes les places pour la messe papale du 29 septembre ont été réservées.

Le portrait d’une Église belge en recomposition, plurielle et évangélique

Malgré l'engouement qu'il suscite, le pape François vient visiter une église bousculée par la sécularisation. Les chiffres parlent d'eux même : En cinq ans, le nombre de prêtres diocésains a chuté de 30 % et celui des séminaristes a presque été divisé par deux, passant de 85 candidats au sacerdoce en 2018 à 45 en 2023.  Réaliste, Mgr Luc Terlinden observe que "la situation de l’Église n’est plus celle qu’elle était il y a 50 ou 60 ans. Elle est marquée notamment par le drame et la grande souffrance des violences sexuelles au sein de l’Église." 

La situation de l’Église n’est plus celle qu’elle était il y a 50 ou 60 ans. Elle est marquée notamment par le drame et la grande souffrance des violences sexuelles au sein de l’Église.

50 % des Belges se disent catholiques, selon le rapport annuel 2023 de la Conférence des évêques de Belgique. Dans le même temps, Mgr Terlinden met en avant une augmentation significative du nombre catéchumènes, qui a doublé en dix ans. Ce qui fait dire au primat de Belgique "qu'Il ne faut pas juger de l’état de santé de l’Église uniquement sur le nombre de fidèles. Le pape François rappelle que ce n’est pas la taille de la communauté qui compte, mais qu’elle soit témoin de l’amour de Dieu dans le monde et qu’elle annonce l’Évangile." Il explique que le regain d’intérêt pour les catéchumènes est l'œuvre de l'Esprit-Saint, ainsi que du rayonnement des communautés à travers leur ferveur et leurs actes concrets de solidarité, notamment envers les plus fragiles et les migrants.

Le pape François rappelle que ce n’est pas la taille de la communauté qui compte, mais qu’elle soit témoin de l’amour de Dieu dans le monde et qu’elle annonce l’Évangile.

L’Église belge est très cosmopolite, en particulier dans certaines villes comme Bruxelles, où la communauté issue de la République démocratique du Congo (ancien Congo Belge) a un impact considérable. "Ces chrétiens venus d’ailleurs ont changé le visage de l’Église. Ils ont apporté leur enthousiasme et un nouvel élan aux paroisses. C’est un témoignage très important pour la société d’aujourd’hui, qui montre que des personnes de cultures et d’origines différentes peuvent vivre comme des frères et sœurs réunis autour du Christ", analyse Mgr Terlinden.

Vers une Église décentralisée sur les questions sociétales

La Belgique est l’un des pays les plus libéraux sur les questions sociétales. C'est le premier à avoir légalisé l’euthanasie. Selon l’archevêque de Malines-Bruxelles, cette évolution montre que l’Église n’est plus en position dominante. "L’Église n’est plus là pour donner des leçons. Il est essentiel que les évêques associent les gestes à la parole. Nous ne pouvons pas simplement rappeler les principes fondamentaux de la dignité humaine sans être présents sur le terrain pour soutenir les femmes en difficulté pendant leur grossesse, tant moralement que spirituellement et matériellement." Sur la question de la fin de vie, Mgr Terlinden insiste sur l’importance de l’accompagnement des personnes pour assurer une fin de vie digne.

Nous ne pouvons pas simplement rappeler les principes fondamentaux de la dignité humaine sans être présents sur le terrain pour soutenir les femmes en difficulté pendant leur grossesse, tant moralement que spirituellement et matériellement.

La semaine prochaine s’ouvrira la dernière phase du synode sur la synodalité au Vatican. L’Église belge propose notamment la possibilité d’ordonner des femmes diacres et des hommes mariés. "Cela a déjà existé", souligne Mgr Terlinden. "Pour le discernement, certaines questions ne demandent pas de réponse uniforme pour le monde entier. Par exemple, le diaconat permanent a été restauré par le Concile Vatican II en Europe, mais pas en Afrique." En 2022, les évêques belges néerlandophones avaient également proposé une liturgie spécifique pour bénir les couples homosexuels. Pour Mgr Terlinden, il s’agit de développer une pastorale pour les personnes homosexuelles au sein de l’Église.

La visite du pape : un nouvel élan après les crises

La venue du pape est perçue comme un grand encouragement par l’archevêque de Malines-Bruxelles. Il espère qu'elle apportera un nouvel élan à l’Église belge : "C’est l’occasion pour nous de nous rassembler comme chrétiens, catholiques, autour du Saint-Père. Je ressens d’ailleurs cet enthousiasme grandir, parfois au-delà des frontières de l’Église. C’est un peu un nouveau départ pour notre Église après les crises qu’elle a traversées. Il y a eu, bien sûr, les violences sexuelles, horribles et dramatiques pour les victimes, mais aussi la pandémie, avec les églises fermées pendant longtemps." Les Belges reconnaissent dans le pape François un "bon pasteur", et les catholiques se sentent proches de lui, accueillis et accompagnés dans leur singularité.

 

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