La fatigue peut être le symptôme d'une maladie mais souvent elle est un ressenti lié à notre façon de vivre. Lutter contre la mauvaise fatigue, c'est parfois revenir à des fondamentaux. Déconnecter d'internet, prendre de la distance avec ses émotions et... apprendre à se reposer !
Un président de la République qui ne dormirait que trois ou autre heures par nuit. Un autre président qui vantait "la France qui se lève tôt". Un dicton populaire qui dit : "L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt." La fatigue n'est décidément "pas un sujet noble", c’est même "un sujet tabou, à mépriser", estime le thérapeute Léonard Anthony. Pourtant elle semble omniprésente dans nos vies. Depuis une vingtaine d’années le champ lexical de la fatigue s’enrichit de nouveaux mots : burn out, charge mentale, épuisement professionnel… Peut-on y échapper ? Et si on revenait aux fondamentaux ? Par exemple, que fait un mammifère quand il est fatigué ?
Il menait une vie "de chef d’entreprise qui passait son temps dans les avions" entre l’Asie les États-Unis et l’Europe. Un jour, Léonard Anthony a eu a eu "du mal à se lever", ce n’était pas tout à fait un burn out - formé à la médiation et au yoga nidra il a pu s’en rendre compte à temps. Et prendre le temps de se demander : "Qu’est-ce que je ressens ?"
Aujourd’hui praticien en hypnose écologique, Léonard Anthony a passé de nombreuses années à étudier la fatigue et surtout comment les gens en parlent. Il est en charge du programme Fatigue et attention de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et auteur de "Goodbye fatigue ! L’art de ne plus subir sa fatigue et celle des autres" (éd. Overjoy, 2021). Il a pu repérer que cette notion plutôt délaissée des sciences renvoie à une multitude de réalités. D’une personne à l’autre, la fatigue peut avoir une signification différente. "C’est là que c’est intéressant et c’est là où c’est riche…"
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L'asthénie, ou fatigue, peut être un symptôme, c’est-à-dire le signe d’une maladie ou d’une carence, comme le manque de vitamine D ou une déficience du système immunitaire. Dans ces cas-là il ne faut pas hésiter à consulter. Toutefois - "la plupart du temps", souligne Léonard Anthony - la fatigue n’est pas un symptôme lié à une maladie mais un "ressenti lié à notre façon de vivre".
Et "il y a la bonne et la mauvaise fatigue". Par exemple, après une séance de sport on ressent une bonne fatigue : c’est "celle qui nous quitte rapidement après un effort". La mauvaise fatigue, elle, est "générée par le manque de sommeil ou une mauvaise qualité de sommeil". Mais il peut y avoir d’autres causes comme une mauvaise gestion des émotions ou des appareils numériques. Léonard Anthony parle "d’hygiène digitale". "Il va falloir apprendre à utiliser un smartphone, dit-il, si vous ne savez pas vous en servir, cet appareil va épuiser littéralement votre quotidien mais aussi votre existence."
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Être fatigué, en soi il n’y a rien de plus banal ! La fatigue est inévitable, mais "c’est la manière de la gérer qui va changer". Parler de fatigue à notre époque, c’est-à-dire un monde ultra-connecté où l’on reçoit des informations du monde entier à tout instant, c’est parfois revenir à des fondamentaux.
Que fait un mammifère quand il est fatigué ? Il s’arrête, répond le thérapeute. "Aujourd’hui, j’en arrive à expliquer ça à des personnes qui viennent me voir et qui sont aux portes du burn out, témoigne Léonard Anthony, envoyées par des cardiologues, des cancérologues, parce qu’elles ont des maladies graves et qu’elles ne sont pas capables de s’arrêter, de faire une pause."
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