Etre maman, ça peut être source de joie. Mais ce n’est pas forcément que du bonheur tous les jours. Et quelle mère de famille n’a pas eu envie un jour ou l’autre de rendre son tablier –de cuisine- et de jeter enfants, conjoint et belle-mère par la fenêtre ! Mais en 2024, peut-on revendiquer ce droit à ne pas être la maman idéale, de faire ce qu’on peut, voire ce qu’on veut, sans pour autant cesser d’aimer ses enfants ? Suivez 5 commandements pour être une mère joyeusement imparfaite, avec Marie-Line Stenger, psychothérapeute et Jessica Cymerman, journaliste et fondatrice du blog "Serial Mother"
1e commandement : "Les pieds sous la table, sans culpabiliser et plus souvent tu mettras." Comment expliquer qu’aujourd’hui, 80 % des tâches domestiques soient encore effectuées par les mamans ? Pour Marie-Line Stenger, "C’est encore une habitude ancrée dans les mémoires." Mais il peut y avoir aussi des difficultés à déléguer, parce que c’est plus rapide de le faire soi-même.
Une solution : Confier des missions à ses enfants, comme donner à manger au chien ou vider le lave-vaisselle. "C’est une manière de les responsabiliser et montrer qu’on a besoin d’eux.", estime Jessica Cymerman. Ce que confirme la psychothérapeute en insistant sur la notion de temps "Un mois, une mission et on passe à une autre." Et redéfinir ses priorités : "Tant pis si on ne mange pas sainement tous les jours !"
2e Commandement : "Ton ras-le-bol, quand tes enfants t’énervent, tu exprimeras !" Si l’éducation positive et bienveillante de ces dernières années a ses vertus, comme se mettre à l’écoute des besoins de l’enfant, elle a aussi pu conduire certains parents à culpabiliser en haussant le ton ou punissant. "On peut avoir eu une journée difficile au travail et péter les plombs à la maison" plaide l'auteure du "Journal intime d’une mère indigne". Mais "Il faut différencier l’enfant et son comportement." souligne Marie-Line Stenger : "En gros, je t’aime, mais ce que tu as fait n’est pas acceptable."
Une solution pour apaiser : revenir vers l’enfant et s’excuser si les mots ont été trop durs. "Ce n’est pas une marque de faiblesse de la part des parents, c’est au contraire une preuve d’humanité. Et ensuite chercher ensemble une solution à ce comportement." Sans oublier de mettre un cadre ferme et sécurisant…
3e Commandement : "Vouloir des enfants parfaits, en tant que mamans, tu renonceras." Avoir des petits êtres sages, obéissants, serviables, bons en classe et toujours de bonne humeur. Un mythe dont on peut avoir du mal à se défaire et qui amène souvent à se focaliser sur les difficultés de son enfant plutôt que ses points forts. "Il n’est pas bon en maths. Mais il peut l'être en sport et les intelligences, on le sait, sont aujourd’hui multiples." explique Marie-Line Stenger. "Bien sûr, on n’a pas envie qu’ils deviennent des délinquants ! " renchérit Jessica Cymerman. "Mais il faut accepter ses enfants tels qu’ils sont." Et se méfier des comparaisons, notamment celles d’enfants soi -disant parfaits encore véhiculés sur les réseaux sociaux.
Un principe : leur donner "des racines et des ailes", selon la formule de Jessica. Une base éducative solide et les moyens de grandir sereinement.
4e commandement : "Tes parents, tes beaux-parents, à la bonne et juste distance tu tiendras." "Moi, à ta place, je ferai comme ci. Tu ne m’as pas écoutée. Voilà le résultat !" Autant de réflexions et de "bons conseils" auxquels sont encore soumis les jeunes mamans. "Il faut se fier à une seule intuition : la sienne. Et se faire confiance." estime la psychothérapeute. "D’autant que l’époque a changé, avec les réseaux sociaux, les écrans et l’implication plus grande des enfants." complète Jessica Cymerman.
Une solution : Bien se persuader qu’on n’est plus l’enfant de ses parents, mais qu’on est devenu maman à son tour. Et éviter en tant que grands-parents de trop s’étendre sur les imperfections des parents quand ils étaient enfants, au risque de saper leur crédibilité face à la nouvelle génération !
5e commandement : "Derrière la mère, il y a aussi une femme, tu n’oublieras pas." On ne définit pas seulement comme une maman, mais aussi comme une femme, avec son travail, ses envies, sa sexualité . Et avoir du temps pour soi. "Je donne souvent cette image du masque à oxygène à utiliser en cas d’urgence dans les avions." explique Marie-Line Stenger. "Avant de le mettre à l’enfant, il faut se l’appliquer soi-même. C’est vital ! ". Du temps pour soi, Jessica arrive aujourd’hui à prendre, que ce soit soirées entre copines, dîner en amoureux avec son conjoint ou semaine de vacances sans enfants, voire même seule. Le luxe !
Une solution : Bloquer à l’avance dans son agenda un créneau rien que pour soi et auquel on ne dérogera pas. Car une bonne maman, c’est une maman qui va bien, quitte parfois à être égoïste. Alors, un bon pour un massage ou un spa, un cadeau qui fera autant plaisir qu’un bouquet de fleurs ou qu’un dessin "Maman, je t’aime !"
A lire :
"Journal intime d'une mère indigne" de Jessica Cymerman. Editions First. 2018. Soit le récit décapant de Sophie, maman de trois enfants, qui veut relever le pari d'être une mère parfaite pendant un an !
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