Toute sa vie, Maria Montessori a défendu la cause des enfants. Sa célèbre méthode d'éducation connue dans le monde entier n'est autre qu'une "philosophie du respect de l’enfant". Pédagogue profondément féministe, elle "était convaincue que la société devait s’inspirer du modèle maternel pour s’améliorer, et devait s’inspirer de l’enfant pour améliorer la société"...
On compte aujourd’hui environ 300 à 350 écoles Montessori en France et au moins 20.000 dans le monde. Sans compter les institutions où enseignants et éducateurs s'inspirent de la méthode… La méthode Montessori est la plus connue des modèles d’éducation alternatifs. À l’origine, une femme : Maria Montessori (1870-1952). Le film de Léa Todorov, "La Nouvelle femme", sorti le 13 mars dernier, retrace trois années de sa vie. C’est l’occasion d’en savoir plus avec Charlotte Poussin. Éducatrice Montessori, elle a publié avec Martine Gisoul "Maria Montessori - Une vie au service de l’enfant" (éd. Desclée de Brouwer, 2020).
Sa grande vocation aura été d’imaginer une philosophie du respect de l’enfant, une éducation pour la paix, par la paix et en vue de la paix
Pédagogue italienne aujourd'hui célèbre dans le monde entier, Maria Montessori était une femme à la vie "très romanesque" et au tempérament "riche et complexe". "On arrive mal à savoir si elle était catholique pratiquante, comme à certaines périodes de sa vie, nous dit Charlotte Poussin, ou si elle était théosophe, ou si elle était franc-maçonne, ou si elle était tout cela à la fois." Ce qui est sûr c’est qu’elle était "très spirituelle", avec "une vie intérieure profonde".
Le film de Léa Todorov la présente comme "la femme qui inventa l’éducation moderne". Sa "grande vocation", pour Charlotte Poussin, aura été "d’imaginer une philosophie du respect de l’enfant, une éducation pour la paix, par la paix et en vue de la paix". Maria Montessori, qui a connu les deux guerres mondiales, était profondément pacifiste. "Elle souhaitait vraiment faire de tous les enfants des citoyens du monde."
Maria Montessori était convaincue que la société devait s’inspirer du modèle maternel pour s’améliorer
"La Nouvelle femme" décrit aussi le parcours d’une féministe. Maria Montessori était très engagée dans la défense des droits des femmes et a participé à plusieurs congrès internationaux féministes. "Elle était convaincue que la société devait s’inspirer du modèle maternel pour s’améliorer, explique Charlotte Poussin, et devait s’inspirer de l’enfant pour améliorer la société."
Sa vocation médicale est née quand, un jour, elle a vu une femme démunie dans la rue, un enfant dans les bras. Être médecin allait signifier pour elle servir la société. Maria Montessori est devenue médecin en 1896, elle est l’une des trois premières femmes médecins d’Italie - "suite à un parcours du combattant", précise Charlotte Poussin.
Mais elle ne s’est pas arrêtée là. D’une curiosité insatiable, Maria Montessori est partie étudier dans plusieurs pays d’Europe la philosophie, la biologie ou les neurosciences. "Elle n’a jamais cessé d’apprendre, de se poser des questions et de lutter aussi pour le droit des plus vulnérables."
À l'époque, pour parler des enfants porteurs de handicap, on parlait d'enfants "idiots", "déficients" ou "débiles". Maria Montessori a posé un regard différent sur eux. "Elle leur trouvait une dignité immense, les admirait et les aimait - elle n’avait pas peur d’employer ces termes très maternants."
Elle qui s’était battue pour devenir médecin, "très rapidement finalement, a cessé d’être médecin pour devenir pédagogue, alors qu’effectivement c’est le seul métier auquel les femmes pouvaient éventuellement se destiner à l’époque". Maria Montessori s’est spécialisée dans l’orthophrénie, c’est-à-dire l’art de développer les facultés intellectuelles.
Auprès du médecin français Jean Itard (1774-1838), connu pour avoir étudié le cas de Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron, ou du pédagogue Édouard Séguin (1812-1880), elle a acquis du matériel pédagogique. Le matériel Montessori constitue aujourd’hui l’un des trois piliers de la méthode mise en place par Maria Montessori. "Ce matériel permet à l’enfant d’avoir une expérience concrète de concepts abstraits, décrit Charlotte Poussin, les montessoriens aujourd’hui continuent à faire de la recherche et à essayer d’améliorer le matériel et à l’adapter au temps."
Quand Maria Montessori a constaté que ses élèves porteurs de handicap avaient d’excellents résultats au concours de fin d’études primaires, elle a décidé d’étendre sa méthode à tous les enfants. "Elle le fait en 1907 dans un quartier défavorisé de Rome, où une cinquantaine d’enfants lui sont confiés… Elle les observe spontanément apprendre à lire à écrire, à compter. Et ça relève presque du miracle - c’est un terme qui a été employé à l’époque bien évidemment !"
C’est là qu’est née la méthode Montessori, basée sur trois piliers essentiels. En plus du matériel spécifique, la constitution de groupes d’âges mélangés, pour que les enfants "apprennent entre eux, entre pairs, dans le mouvement, dans la relation, libres de choisir leurs activités", explique Charlotte Poussin. Troisième pilier : "La présence d’un éducateur formé à une posture de respect profond de l’enfant et d’accompagnement de l’enfant pour qu’il devienne lui-même."
La méthode Montessori "n’est pas une pédagogie de l’efficacité", selon Charlotte Poussin. L’objectif premier est de former des enfants "qui se connaissent eux-mêmes, qui aiment chercher, qui cultivent leur curiosité et qui développent beaucoup de qualités prosociales avec la conscience du fait qu’ils sont interdépendants entre eux et du milieu dans lequel ils évoluent".
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