LA CHRONIQUE DE GUILLAUME GOUBERT - C'est une petite exposition puisqu’elle ne propose que 20 tirages. Mais ils sont exceptionnels. D’abord par leur format. Grosso modo, deux mètres par deux. Ensuite par leur impressionnante qualité à la fois technique et artistique. Enfin, par les sujets représentés : quelques-uns des plus beaux monuments de France et d’Italie.
Le lieu où se tient l’exposition n’est pas indifférent. Il s’agit de la salle des gens d’armes du palais de la conciergerie à Paris. La plus grande salle médiévale subsistant en Europe d’une longueur de près de 70 mètres.
Né en Turquie en 1947, il a commencé à prendre des photos durant ses études d’architecture à Londres. Sa pratique d’architecte et son travail photographique sont étroitement liés. Ahmet Ertuğ photographie inlassablement des monuments en cherchant à rendre toute leur ampleur. La perspective occupe une place prépondérante dans son œuvre, construite sur la recherche de ce point de fuite qui passionne les peintres depuis la Renaissance. Ahmet Ertuğ utilise des chambres photographiques de grand format, ces appareils où l’on cadre les photos la tête sous un tissu noir. Ahmet Ertuğ pratique des temps d’exposition très longs. Ces techniques produisent des photographies d’une extrême précision, tous les détails sont nets. Cela permet donc des tirages de très grand format qui immergent le spectateur dans l’image.
Pour vous rendre compte de la qualité du travail de ce photographe, je vous recommande, surtout si vous ne pouvez pas aller à la Conciergerie, de visiter son site Internet où les images sont très bien présentées et classées par thèmes. On peut ainsi découvrir le travail considérable qu’il a mené sur la basilique Sainte-Sophie à Istanbul. Et puis un sujet qui me touche personnellement beaucoup, celui des plus belles bibliothèques du monde occidental. Celles des monastères baroques d’Europe centrale ou la très émouvante Biblioteca Angelica au centre de Rome.
Ce qui est frappant, c’est la manière dont ces images exaltent l’architecture et en font ressortir des détails extraordinaires. Par exemple le pavement incroyablement raffiné de la Bibliothèque Laurentienne à Florence, dont l’architecture est signée de Michel Ange. Une véritable tapisserie de pierre. Ou encore les caissons de la coupole du Panthéon de Rome. Ces caissons splendides ont été moulés il y a 1.800 ans avec du béton, une technique que les Romains maitrisaient très bien mais qui s’est ensuite perdue pendant des siècles.
Cette mise en lumière de la technique architecturale, on la retrouve également dans une image d’une des grandes salles de lecture de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu à Paris. Au milieu du XIXe siècle, Eugène Labrouste a imaginé un éclairage de cette salle par le ciel grâce à neufs petites coupoles, vitrées en leur sommet. Les coupoles reposent sur de hautes colonnes de fonte. Je n’en avais jamais autant ressenti la finesse que sur cette photo. Dernier exemple, l’escalier en spirale du palais Farnèse de Caprarola, près de Rome. Une combinaison de pierres sculptées et de fresques qui produit une image envoutante, une vision onirique.
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