En consacrant un livre à Fridtjof Nansen, l’écrivain Alexis Jenni, prix Goncourt 2011, nous ouvre les portes d’une histoire romanesque et collective. Dans "Le passeport de Monsieur Nansen" (éd. Paulsen), il nous fait découvrir la vie passionnante d’un explorateur polaire, scientifique et diplomate norvégien, qui a contribué à sauver des milliers de personnes déplacées et apatrides au sortir de la Première Guerre mondiale.
Malgré ses nombreux exploits polaires et sportifs - il a été champion du monde de patin, champion de Norvège de ski, explorateur - Fridtjof Nansen est un éternel insatisfait. "Même s’il réussit tout, il a l’impression que ce n’est pas assez, commente Alexis Jenni qui a étudié sa vie. Cette mélancolie était difficile à vivre pour son entourage mais c’est sa force parce que d’être insatisfait, ça lui permettait d’aller toujours plus loin." Cette exigence envers lui-même le conduira vers la diplomatie, en devenant la figure de l’indépendance norvégienne, qui dépend alors de la Suède. "Il va œuvrer pour que la Norvège devienne pacifiquement indépendante", relate l’auteur.
Mais c’est après la Première Guerre mondiale que sa notoriété éclatera à l’international. Dans une Europe chaotique, marquée par l’effondrement des Empires, la création de nouveaux pays et la migration de millions de personnes devenues apatrides, il s’engage et propose ses services à la SDN, la Société des nations unies nouvellement créée. On lui confie alors la mission de rapatrier un demi-million de prisonniers de guerre. Méthodique et travailleur, "il va tout organiser... et se servir de son aura d’explorateur polaire. Il va rapatrier les prisonniers allemands qui étaient prisonniers en Sibérie, il les nourrit et organise un transport de vivre pour l’Union soviétique", détaille Alexis Jenni.
Le sauvetage de ces milliers de personnes, est rendu possible grâce au "passeport Nansen". "Ce sont des papiers d’identité qui sont sous la responsabilité de la SDN et acceptés par tous les pays de l’époque", précise l’auteur. Ce sésame leur permet de franchir les frontières et d’aller s’installer dans les pays européens, en toute légalité. Il sauve ainsi des centaines de milliers d’existence dont celles du peintre Marc Chagall, du compositeur Stravinsky ou encore du photographe Robert Capa. Un travail auprès des réfugiés et prisonniers de guerre qui lui aura valu le Prix Nobel en 1922.
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