Au mont Sainte-Odile, recevoir la grâce du pardon

Le mont Sainte-Odile, un haut lieu de la foi et de la culture alsacienne

"Odile a choisi un bel endroit pour installer son couvent !" Sur cet éperon rocheux, la statue de la sainte veille sur toute la plaine d’Alsace. Pour Adrien Wendling, un jeune laïc au service de l’accueil et de la pastorale du sanctuaire, "c’est une chance d’avoir un sanctuaire dans un site comme ça, ça fait qu’il y a certes beaucoup de monde qui ne vient peut-être que pour la vue, mais du coup ils viennent aussi à la rencontre de la vie d’Odile et du sanctuaire !"

Hormis la chapelle du tombeau, du XIe siècle, la majorité des bâtiments datent du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Au cours de son histoire, le mont Sainte-Odile a brûlé une dizaine de fois. Bâtis en grès des Vosges, les murs du sanctuaire prennent tôt le matin ou au coucher du soleil une teinte rosée caractéristique. Ce sanctuaire a une autre particularité : il n’a qu’une seule entrée, en raison de sa topographie. Et à l’intérieur, tout y est rassemblé : lieux de prières, logements des religieuses et, depuis le XVIIIe siècle, un hôtel et un restaurant pour les pèlerins.

Sainte Odile, "un grand sens de la charité fraternelle"

Issue d’une famille aristocratique, Odile est née fille et aveugle : son père, le duc d’Alsace, a voulu s’en débarrasser, mais sa mère l’a confiée à des religieuses. Lors de son baptême, après l’onction du saint chrême, Odile a recouvré la vue. "Elle a aussi eu une intelligence de la foi, l’intelligence des écritures, explique le Père Christophe Schwalbach, on la représente souvent avec un livre qu’elle tient en main, avec deux yeux dessus."

Bien que guérie, elle a tout de même été rejetée par son père. Mais "sa confiance, sa fidélité, sa foi, sa charité, ont fini par convertir son papa", raconte le recteur du mont Sainte-Odile. Le duc d’Alsace lui a offert le château d’Hohenbourg, qu’elle a transformé en abbaye. "Odile avait un grand sens de la charité fraternelle et voulait accueillir les pauvres, les malades, les infirmes." Elle fit construire au pied du mont un deuxième lieu pour les accueillir. "Elle est morte le 13 décembre 720, en odeur de sainteté puisque le sanctuaire est très vite devenu un lieu de pèlerinage."

Au mont Sainte-Odile, recevoir la grâce du pardon

Les pèlerins sont nombreux à venir prier dans la chapelle des Larmes. C’est ici que, selon la tradition, Odile a beaucoup pleuré pour son père, car elle avait vu en songe qu’il souffrait depuis sa mort des tourments du purgatoire. À l’entrée, un écriteau sur le sens du pardon : "Le pardon demandé ou reçu est toujours une libération, pour l’offenseur comme pour l’offensé. Il libère de la rancune, de la de la vengeance, de la haine et de la violence. Il apporte la paix et ouvre à la réconciliation." Ils ont été surpris au sanctuaire de voir que ces simples mots touchent puissent autant toucher les pèlerins...

"L'homme et la femme sont toujours à la recherche de quelque chose de plus grand", affirme le chapelain du sanctuaire, Francisco Rojas. Quelle que soit la raison pour laquelle ils viennent au sanctuaire, beaucoup sont les pèlerins qui font le geste de toucher le tombeau, d'allumer une bougie... Des marques de dévotion populaire que l'on ne comprend pas toujours en France, mais que l'on voit beaucoup en Amérique latine d'où est originaire le chapelain. Pour lui, c'est tout simplement "la foi" qui "nous porte à faire un geste".