C'est l'histoire d'un ingénieur devenu musicien-voyageur. Quand Christophe Touchard est parti faire un tour du monde avec son alto, il avait l’ambition d'explorer le pouvoir de la musique dans les cultures du monde. De la Patagonie au Tibet, en passant par l’île de Pâques, le périple du musicien l'a fait changer de regard sur nos sociétés.
"On croit qu’on fait le voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait." Pendant un an autour du monde, une aventure qu'il raconte dans son livre "Un alto pour passeport" (éd. Favre), Christophe Touchard a pu méditer cette célèbre formule de l’écrivain Nicolas Bouvier. Et à son retour, constater combien le voyage et les rencontres l'ont transformé ! Une fois rentré en France, il a quitté son métier d’ingénieur "pour transmettre". Désormais, il est formateur et enseignant et a monté un spectacle à destination du jeune public pour montrer aux enfants la richesse culturelle des autres pays.
Quand il a décidé de partir en solitaire à travers le globe, Christophe Touchard était ingénieur à la RATP. Il avait trente ans. "C’était une période de ma vie avec beaucoup d’interrogations, je sortais d’une rupture amoureuse douloureuse", se souvient-il. Mais cela "faisait longtemps" qu'il pensait à un grand voyage... "Et un jour je me suis dit que c’était à mon tour !" Au début, l’idée de partir seul le tétanisait mais peu à peu, au fil des rencontres il a appris à "apprécier" la solitude et à bien la vivre.
"Le voyage est souvent une quête initiatique, il y a un avant et un après." Les autres voyageurs qu'il a lui-même rencontrés étaient aussi "en recherche". Finalement, personne ne part sans objectif précis... Pour le musicien-voyageur, chaque voyage est motivé par une quête. "Je me suis beaucoup questionné sur ce qui était vraiment essentiel, dans une quête de minimalisme." Christophe Touchard n'avait qu'un sac - huit kilos maximum - et son précieux alto.
Christophe Touchard est parti "avec le projet de rencontrer les membres de l’association El Sistema". Née dans les années 1970 au Venezuela, cette association veut faire de la musique un outil d’insertion pour les jeunes. Une "idée magique" qui s’est vite répandue dans les quatre coins de la planète : "Ça a fait des émules, raconte Christophe Touchard, il existe un peu plus de 300 associations qui ont repris ce modèle". Et ce même dans les pays les plus favorisés. En Suède, par exemple, la musique est une voie d’insertion pour les jeunes migrants, "une manière de les intégrer à la société et de créer des rencontres".
L'alto, cet instrument à cordes qui ressemble à un grand violon, est un outil de rencontre privilégié ! Christophe Touchard, musicien amateur qui a le talent d'un professionnel, a pu constater cette "curiosité naturelle" que l'instrument déclenche chez les enfants comme chez les adultes. L’alto a aussi le pouvoir de rassurer : "Quand on va dormir chez des inconnus, ils sont plus sereins : les portes s’ouvrent..."
"La rencontre de l’autre nous fait grandir et réfléchir." Dès son départ en transsibérien, Christophe Touchard a voulu être disponible aux autres, ouvert à la rencontre. Il a pris un billet en troisième classe, dans des wagons avec une soixantaine de lits-couchette. À travers la Russie, la Mongolie et le Tibet, il s'est confronté aux différences culturelles. "J’ai vécu des échanges extraordinaires !" Prendre le train, pour lui, c’est aussi une manière de prendre son temps : "Le train permet une transition douce et en lenteur, contrairement à l’avion qui est très violent et qui nous projette trop vite dans une autre culture." Dans les pays qu’il visitait, le musicien optait pour le couchsurfing, pratique qui consiste à dormir chez des personnes en échange d’un service.
Ce voyage a eu l'effet d'une prise de conscience. Notamment sur les enjeux climatiques : le musicien-voyageur a pu constater la disparition de l’herbe dans les steppes mongoles. Et entendre les témoignages des habitants sur les conséquences tragiques de la sécheresse... "Ça a été une claque pour l’ingénieur que je suis. Le monde change très rapidement, surtout dans les milieux fragiles : c’est inquiétant !" À Oulan-Bator, il a aussi découvert un autre visage de la mondialisation : "Les chaînes de restauration étasuniennes arrivent dans le centre et poussent aux confins de la ville les yourtes traditionnelles."
Dans les moments plus difficiles, le voyageur avait trois remèdes : "jouer de la musique, dormir, et marcher dans la nature". Après ce périple, qui, malgré les coups dur a été "une bouffée d’oxygène", le retour "a été dur et brutal". Son ambition désormais est d'éveiller les consciences sur les enjeux climatiques. Témoigner aussi sur la beauté des rencontres et l'extraordinaire diversité des cultures.
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