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Le film de la semaine : All we imagine as light de Payal Kapadia

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 3 octobre 2024 - Modifié le 3 octobre 2024
La Chronique cinémaLe film de la semaine : All we imagine as light de Payal Kapadia

Cette année, c’était un peu l’année du cinéma indien au Festival de Cannes, avec plusieurs films du sous-continent en sélection. Dont un qui sort aujourd’hui en salles et qui vous a particulièrement plu Valérie : c’est All we imagine as light de Payal Kapadia

Affiche du film "All we imagine as light " ©DRAffiche du film "All we imagine as light " ©DR

C’est un film d’une extrême délicatesse, très doux, un peu lent (il faut le dire), mais tellement beau ! Et qui dit beaucoup de l’Inde actuelle, à travers le portrait sensible de 3 femmes, qui vivent et travaillent à Bombay.

La réalisatrice a fait le choix d’un film intimiste pour parler de la condition féminine indienne. C’est un sujet qui était au cœur d’un autre film cannois, beaucoup plus âpre et violent : Santosh, de la réalisatrice Sandhya Suri, sorti en France en juillet. Sur une réalité sombre de ce pays. L’Inde est depuis 2018 classé le pays le plus dangereux au monde pour les femmes. 

Mais ici, on est à Bombay, elles sont émancipées et indépendantes. Et pourtant, elles peinent à se libérer du carcan social et familial et à s’autoriser d’aimer. Elles sont de 3 générations différentes, avec au centre Prabha qui travaille comme infirmière à l’hôpital. Prabha est une femme dévouée à tous, mariée à un homme parti travailler en Allemagne, dont elle n’a plus aucune nouvelle. Sauf un drôle de cadeau qu’elle reçoit un jour, un cuiseur électrique de riz « made in Germany ». Anu, la plus jeune, est plus rebelle. Elle vient d’une famille hindouiste traditionnelle, qui veut la marier à quelqu’un de la même caste sociale et religieuse. Alors qu’elle aime en cachette un jeune musulman. Et Parvaty la plus âgée est veuve et en passe de se faire expulser de son logement, faute de papiers officiels.

La lumière, au centre du film

On pourrait traduire le titre par : « Tout ce que nous imaginons être de la lumière ». Etonnamment le film en est baigné, alors que la première partie se passe entièrement de nuit. Mais dans cette ville-monde, tout en contrastes, la lumière nait partout de l’obscurité. Dans les buildings éclairés ultra-modernes jusqu’aux petits marchés traditionnels. Bombay est sublimée par la petite caméra légère du directeur de la photographie qui la filme, de nuit et sous la pluie, traversée par les trains et les néons. L’image est magnifique !

Et dans une seconde partie, qui se passe au bord de la mer, la lumière surgit alors largement. Parvaty est retournée vivre dans son village du Kerala, accompagnée de Prabha et d’Anu. C’est un changement total de décor, d’ambiance. Le film devient plus sensuel et flirte alors avec le conte et les rêves.

Une première fiction pour cette réalisatrice

Payal Kapadia vient du documentaire et c’est son premier film de fiction. Elle fait partie de ces cinéastes qui ne veulent pas opposer les deux formats. Pour elle, on est dans les deux cas au cœur de ce qu’elle qualifie - je cite - « la joie et la magie du cinéma ». Atteindre l’âme et la vérité de ses personnages. A première vue dans ce film, pas de trame narrative évidente. Et pourtant, les 3 femmes vont parcourir un incroyable chemin de libération intérieure.

Ce n’est pas un film militant mais c’est une ode aux femmes indiennes qui a plu au jury cannois et à sa présidente, Greta Gerwig, sensible au sujet (elle est la réalisatrice du film Barbie). Ils lui ont décerné le Grand Prix du jury (deuxième prix cannois, juste après la Palme d’or). Elle avait déjà obtenu l’œil d’or en 2021, pour son documentaire Toute une nuit sans savoir.
C’est donc une réalisatrice à suivre.

Elle s’appelle Payal Kapadia et son film qui sort en salles aujourd’hui, s’intitule All we imagine as light.
 

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