
LE MOT DE LA SEMAINE - Le mardi 21 janvier est la journée internationale du câlin, depuis 1986. Dans une actualité chahutée, il faut se pencher sur l'origine du mot avec douceur pour une courte trêve...
Demain mardi c’est la Journée internationale des câlins, et qu’il s’agit d’une initiative du révérend Kevin Zaborney, qui a eu l’idée en 1986 de créer une journée dévolue aux câlins, fixée internationalement au 21 janvier.
Le mot « câlin », avec son accent circonflexe, bénéficie d’une histoire intéressante, qui se concrétise donc depuis la fin du XXe siècle par une journée qui lui est dévolue. Cette journée a en effet été imaginée par un homme d’église, le révérend Kevin Zaborney, ayant eu l’idée de créer aux États-Unis le « Hugging day », le mot « hug » désignant une embrassade. Et cette formule anglaise a été agréablement traduite en français par la « Journée des câlins », notamment ceux que l’on prodigue aux enfants. Le Révérend regrettait en effet que la période suivant les fêtes de Noël soit souvent marquée par un sentiment de moindre affection, en somme une période de carence après l’abondance, avec en toile de fond ce constat que les enfants grandissent bien mieux si leurs parents sont affectueux. Alors d’où vient le mot « câlin » ? Il est né au XVIe siècle et il est tiré du verbe « câliner », ce verbe étant issu du latin « calere ». être chaud, d’où aussi le latin populaire « calina » désignant la « chaleur ». Le mot « calin » a tout d’abord qualifié en français les mendiants, cherchant à apitoyer les passants pour qu’on soit tendre avec eux. On comprend alors le glissement de sens du côté de l’enfant cherchant les câlins. Il fut aussi un temps où câlin, câline, a signifié « indolent » et même « délicat », trop délicat, comme sous la douce chaleur de l’été qui ne pousse pas à l’agressivité. Ces derniers sens ont disparu à la fin du XVIIIe siècle et c’est ver 1830 qu’apparaît le sens actuel de « câlin » et « câliner », traiter quelqu’un avec douceur et tendresse, notamment les enfants. Entre alors dans nos dictionnaires l’expression « faire un câlin, un gros câlin », ainsi définie par l’Académie : « se blottir contre quelqu’un pour échanger des caresses, des paroles de tendresse. ». De fait, ce sentiment s’est souvent exprimé dans l’art par la représentation de l’amour maternel et on pense là tout particulièrement à Élisabeth Vigée Le Brun.
En 1786, Elisabeth Vigée Le Brun réalisait en l’occurrence un tableau exposé au Salon de 1787, tableau vite surnommée « La Tendresse maternelle ». On y voit une jeune maman – en fait c’est elle – tenant dans ses bras un enfant, sa fille née en 1780. Ce tableau traduit en réalité le fait qu’on ne cache plus ces élans maternels et il s’agit pour ainsi dire de l’un des premiers « câlins » mis en scène sur une toîle.
Le première définition est fondée sur un paronyme, c’est-à-dire un mot ressemblant beaucoup à un autre, ici les mots « ambassade » et « embrassade », avec le « câlin » défini comme un « attaché d’embrassade ». Délicieux… Et puis, dans le cadre de la surenchère de la tendresse, on peut avancer une autre définition, : « On l’aime gros. » On devine bien sûr qu’il s’agit du « gros câlin », généreux et joyeux, les jours de fête en somme. Par exemple demain, dès le petit-déjeuner, vite un « gros câlin » à nos enfants.
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !
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