Le mot de la semaine : "Avent", par Jean Pruvost

Ce dimanche dernier, le 1 er décembre, correspondait au quatrième dimanche précédant Noël, et donc, dans la tradition chrétienne, il a ouvert la période dite de l’Avent. Nous voilà le 2 décembre, et ce calendrier qu’on appelle le
calendrier de l’avent en est donc à son deuxième jour. « L’avent », c’est le mot dont j'ai souhaité vous raconter l’histoire.

Et d’emblée, chacun se pose la question : pourquoi, lorsqu’on évoque le « calendrier de l’avent »,le mot « avent » s’écrit a-v-e-n-t et non a-v-a-n-t, comme l’adverbe qui fonctionne souvent avec « après ». Alors, je vais ici m’exprimer quelques secondes en linguiste en signalant que ce sont deux homonymes dits homophones, c’est-à-dire se prononçant identiquement certes, mais n’étant pas homographes, c’est-à-dire ne s’écrivant pas de la même manière. Et comme l’« avent », a v e n t, désigne bien une période qui se passe « avant » la fête de Noël, on peut aisément comprendre que nos élèves puissent se tromper dans l’orthographe du « calendrier de l’avent ». J’ai d’ailleurs en mémoire heureuse une question de l’un de mes élèves levant le doigt au moment où j’expliquais ledit calendrier, pour me demander s’il y avait un calendrier de l’« après » Voilà qui entraîne quelques explications…

Un mot ancien

"Avent" est un mot ancien, mais moins que celui correspondant à la préposition adverbiale « avant », a-n-t qui elle est apparue au X e siècle, issue du latin impérial, « abante », conçu à partir de la préposition « ab », qui marque l’éloignement, et « ante », qui veut justement dire « avant ». « Avant », c’est aussi un substantif, au football, et cela depuis 1901, mais, en vérité, le nom masculin « avant » existe depuis 1678, pour évoquer par exemple l’avant d’un
navire,. Quant à l’avent, e-n-t, il suffit de repérer les mots qui l’encadrent dans un dictionnaire, « avènement,
avenir, AVENT, aventure », pour prendre conscience d’une filiation. Tous viennent en effet du verbe venir et
s’agissant de l’avent, entré en langue française au XII e siècle, il est tout droit issu du latin « adventus », désignant l’arrivé, et donc la venue, l’arrivée de Jésus- Christ. Préparer l’« avent », c’est en fait préparer cette merveilleuse arrivée. Ainsi, « avenir » et « avent » sont de même dynamique, construits sur le préfixe initial « ad, » exprimant une direction, « dans la direction de », ici donc l’« avenir », le fait de « venir ».

Le calendrier de l'Avent

La tradition du calendrier semble être originaire de l’Allemagne où quelques familles protestantes offraient chaque matin des images pieuses aux enfants au cours des 24 jours précédant Noël, pour canaliser en somme leur impatience. Le premier calendrier de l’Avent avec ses petites fenêtres à ouvrir à partir du premier décembre daterait de 1920, et c’est en 1958 que seraient apparues les premières surprises en chocolat. Enfin, en Allemagne, depuis trois décennies environ, il arrive que les hôtels de ville soient transformés en calendrier géant de l’Avent, les fenêtres numérotées jouant le rôle des cases, découvrant jour après jour des scènes colorées. On pourrait conclure en revenant à nos élèves pour leur dire que, avant ou après, « l’avent » ce n’est pas l’avent… l’avent merveilleux qui s’écrit avec un « e » comme dans Noël ! Alors maintenant que l’orthographe est acquises, laissons le dernier mot aux auteurs de mots croisés. Comment nous font-ils deviner le mot « avent ». Il s’agit, nous glissent- ils, d’une « sainte attente ». La plus belle des attentes !