Dans son histoire de l'art, Guillaume Goubert nous emmène à Dinard, en Bretagne pour l'exposition "Élizabeth & Gérard Garouste, l’art à La Source" jusqu’au 1er septembre.
C'est une exposition triplement intéressante. Elle est intitulée "Élizabeth & Gérard Garouste, l’art à La Source." Ce qui évoque les trois composantes de l’exposition. Le peintre Gérard Garouste, dont j’avais parlé dans cette chronique il y a presque deux ans à l’occasion d’une rétrospective que le Centre Pompidou lui avait consacrée. Élisabeth Garouste, son épouse, remarquable créatrice de mobilier. Et La Source, association qu’ils ont créée il y a trente ans pour donner aux enfants défavorisés un accès à la création artistique.
L’expo se présente sur deux sites. Le Palais des arts, bâtiment assez banal mais qui dispose de grandes salles. Et la Villa Les Roches Brunes, lieu plus intime où les œuvres sont exposées, je dirais, comme chez soi. Cette villa construite à la fin du XIXe siècle est perchée à la Pointe de la Malouine. Elle offre une vue somptueuse sur Saint-Malo et ses remparts.
Parlons d’abord de Gérard Garouste, un des artistes français les plus célèbres de ces dernières décennies. Il a fait le choix de la peinture figurative à une époque où la mode était à l’abstraction et à l’art conceptuel. Héritier de grands maîtres du passé comme Greco ou Tintoret, il trouve ses sujets d’inspiration dans des textes majeurs comme Gargantua, Don Quichotte et surtout la Bible hébraïque, se passionnant pour son exégèse. En ouverture de l’exposition, une citation d’un rabbin ukrainien Nahman de Bratslav dit bien comment il vit cette recherche : "Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît. Tu risquerais de ne pas t’égarer."
Élizabeth Garouste, de son côté, est une créatrice de mobilier. Son travail est proche de l’artisanat et non du design industriel. Elle réalise des fauteuils, des lampadaires, des vases. Ce sont des pièces uniques, expressives et colorées. Son travail, au fil du temps, s'est rapproché de la pure création artistique.
On peut raconter une anecdote. Elle éclaire la relation au sein de ce couple qui travaille séparément mais en échangeant sans cesse. Elizabeth a l’habitude de beaucoup dessiner dans la vie de tous les jours, notamment lorsqu’elle est au téléphone. Longtemps, elle a entassé ses dessins sans en faire beaucoup de cas. Un jour, sans lui dire, Gérard a fait encadrer une vingtaine des dessins de sa femme. Qui, soudain, a pris conscience de leur intérêt graphique. Et, du coup, s’est lancée dans de nouvelles créations, notamment de très beaux masques. Inversement, Elizabeth a beaucoup accompagné Gérard dans son travail, particulièrement durant les périodes où son mari a souffert de violents épisodes dépressifs et ne savait pas comment répondre à certaines commandes.
Elle propose des ateliers où des enfants en difficulté peuvent créer sous la conduite d’un artiste. L’association a aujourd’hui une dizaine d’implantations en France et accueille chaque année plus de 10 000 enfants avec le concours d’environ 200 artistes. L’exposition de Dinard a le mérite de montrer des travaux d’enfants issus de ces ateliers, en parallèle avec des œuvres des artistes les ayant guidés dans leurs travaux. C’est souvent très joyeux et réjouissant. Je pense en particulier à un "arbre aux oiseaux," grand mobile en métal réalisé par Elizabeth Garouste avec des enfants bretons.
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