Un cheval dans un hôpital, apprendre à lire avec un chien, des poules dans un Ehpad… La médiation animale est de plus en plus répandue, que ce soit auprès de personnes âgées, d’enfants porteurs de troubles autistiques ou de détenus. Elle encourage à porter un nouveau regard sur ces animaux capables de compassion et d'empathie.
Comment expliquer le calme d’un étalon fougueux auprès de personnes âgées ? Comment comprendre le comportement adouci de chiens au contact d’enfants ? Samedi 1er juin, les facultés Loyola organisent une journée de réflexion à Paris sur le thème : "L’Église et les animaux : vers une relation homme-animal ajustée - Le cas de la médiation animale". L’occasion d’évoquer les bienfaits de la relation Homme-animal : deux espèces différentes et pourtant entre lesquelles il se passe des choses.
Chacun peut, à tout âge, éprouver les bienfaits d’une relation avec un animal. Il a été prouvé par exemple que regarder un chien dans les yeux provoque la sécrétion d’ocytocine, la fameuse hormone du bonheur. De même le fait de caresser un chien ou un chat aide à diminuer le stress.
Mais on parle de médiation animale dans un cas bien précis : quand il s’agit de provoquer la rencontre avec un animal au bénéfice d’une personne en situation de fragilité. "La médiation animale c’est la rencontre entre un bénéficiaire humain, un animal et un professionnel", rappelle Marine Grandgeorge, maître de conférences à l’université de Rennes, spécialiste de l’éthologie animale et humaine. C’est le duo entre l’animal et le professionnel qui a pour objectif "un mieux-être du bénéficiaire". L’animal est donc lui-même accompagné et encadré par un spécialiste.
La médiation animale peut être sollicitée pour "tout le spectre des fragilités physiques et sociales", résume l’universitaire. Elle raconte qu’il existe même des ateliers lecture pour enfants "où la lecture est faite au chien". "C’est beaucoup moins stressant et c’est beaucoup plus ludique de raconter une histoire à un chien que de parler devant tous les copains et des fois d’avoir des ratés."
Bien souvent, la médiation animale permet de restaurer une personnalité, de restaurer une individualité hors de tout jugement. "Les personnes sont face à des individus non jugeants, décrit Marine Grandgeorge, qui peuvent être dans la douceur. Finalement que la personne ait commis un crime très grave, qu’elle ait un handicap très lourd, qu’elle soit à la marge de la société, l’animal prendra l’individu tel qu’il est."
Parfois, c’est le simple fait de s’occuper d’un animal qui fait du bien, "quand soi-même on est une personne dont on s’occupe habituellement". Par exemple, permettre à des personnes âgées de préparer la nourriture d’un cochon d’Inde ou d’accompagner un chien à un parcours agilité, cela "rend la personne capable de prendre soin d’autrui : en terme d’estime de soi c’est quelque chose d’énorme", observe l’éthologue.
Les chiens ont une empathie, une compassion qui est extraordinaire !
Quant au bien-être de l’animal, il est bien sûr essentiel. "Il y a des chevaux qui ont spontanément l’envie d’interagir avec les humains", nous dit le vétérinaire Thierry Bedossa. Il intervient dans le secteur de la médiation animale "à la fois pour aider les professionnels de la médiation mais aussi les animaux qui sont utilisés pendant ces séances de médiation parce que je sais les entraîner".
Il a pu ainsi observer que "les chiens ont une empathie, une compassion qui est extraordinaire !" Au sein de l’association Ava (agir pour la vie animale), qu’il a fondée et qu’il dirige, il accueille des enfants envoyés soit par un institut médico-éducatif ou la protection judiciaire. Ceux-ci "interagissent avec les chiens du refuge". Or, ces animaux "qui sont entre guillemets des gueules cassées, ils sont tous un peu dangereux, ils sont des attitudes différentes avec ces individus. C’est ça qui est extraordinaire. Ils ont une compassion, une cognition qui est différente de la nôtre."
Cette capacité de sympathie et d’empathie chez les animaux a beau nous étonner, "Darwin notait bien qu’il avait cette dimension très présente chez beaucoup d’animaux", rappelle le Père Éric Charmetant, jésuite, philosophe, aux Facultés Loyola (ex Centre Sèvres). Cette bienveillance de l’animal, on la retrouve d’ailleurs dans la Bible. Que ce soit le chien de Lazare qui panse ses plaies ou celui de Tobie. ainsi, depuis les temps bibliques, l'être humain s'interroge : cette relation bienfaisante a-t-elle été voulue par Dieu ?
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