Peut-on encore partir à l'aventure au XXIe siècle, à l'heure du surtourisme ? Cela fait plusieurs années qu'Olivier Weber, écrivain et grand reporter, cultive l'esprit d'aventure. Pour lui, l'aventure est synonyme de rupture, de refus du confort tel que nous les offrent les sociétés occidentales modernes. Et si on cédait à notre "pulsion de nomade" ?
L’aventure on l’associe le plus souvent aux grandes découvertes de la Renaissance ou aux explorations du XIXe siècle. Aujourd’hui, elle a ses voyagistes, qui font venir des milliers de personnes aux mêmes endroits. Quelle aventure vit-on quand on reste connecté à internet ou quand on ne quitte pas un certain confort ? Comment parler d’aventure aux hommes et aux femmes du XXIe siècle ? Avec son "Dictionnaire amoureux de l’aventure" (éd. Plon, 2024) Olivier Weber partage sa propre vision de l’aventure, qui va avec le goût du risque, du mystère et même de l'absurde...
Grand reporter pour Le Point, Olivier Weber a été correspondant de guerre en Afrique et au Moyen-Orient. Il a couvert de nombreux conflits et guérillas en Iran, en au Tchad, en Chine, en Tchétchénie, en Russie, au Kosovo. En particulier, cet amoureux de l’Orient s’est rendu de nombreuses fois en Afghanistan, où il a côtoyé le commandant Massoud.
Sa vision de l’aventure ressemble au goût du risque. "Il faut être prêt à affronter l’inconnu, il faut être prêt à aller vers le mystère. Il y a quelque fois un côté aventure, péril, goût du risque, qui n’est pas sans analogie avec l’absurde." "Absurde", c’est d'ailleurs la première entrée de son "Dictionnaire amoureux". Ce qui peut sembler étonnant de la part d’un reporter, en quête de ce qui est factuel.
S’il y a "un côté irrationnel" dans l’aventure selon Olivier Weber, c’est parce qu’en un sens il s’agit de "repousser le réel". C’est-à-dire repousser les frontières de ce qui est connu, prêt à se laisser déposséder de ce que l’on sait.
À 65 ans, Olivier Weber s’est aussi imposé dans le paysage littéraire. Auteur de romans, essais et récits de voyage, il a reçu de nombreux prix, dont le prix Joseph-Kessel et le prix Albert-Londres. Deux auteurs qui lui ont appris l’esprit d’aventure - Olivier Weber est aussi l'auteur en 2019 d'un "Dictionnaire amoureux de Joseph Kessel". Ce qui ressemble à "une quête philosophique" mais aussi "de sentiment, d’émotions… de paysages terrestres et humains. Même si on a tout exploré on peut ré-explorer avec le cœur avec les yeux grands ouverts."
À l’adolescence, quand il était berger, il a associé la découverte des grandes espaces à celles des univers de Goethe, de Cervantès, de Conrad. Lire, c’était pour lui "s’inventer une famille, une fratrie, des grands frères". "À partir du voyage, du concret, comment on tort la réalité, ou plutôt on l’aménage, on la réinvente on la réenchante - le mot enchantement, c’est très important !"
Moi j’ai le goût de la rupture, du voyage, de l’inconnu, de l’aventure depuis l’enfance, et je ne pense pas que je l’abandonnerai de sitôt
L’aventure, cela commence souvent par "une rupture". C’est refuser ce que proposent nos sociétés modernes, l’assurance du confort. "Chacun dans sa vie, à un moment, a besoin de ruptures. D’autres l’ont toute leur vie. Moi j’ai le goût de la rupture, du voyage, de l’inconnu, de l’aventure depuis l’enfance, et je ne pense pas que je l’abandonnerai de sitôt."
Et si on cédait collectivement à notre pulsion de nomades ? "On a encore ce côté nomade en nous, on s’aperçoit qu’on n’est pas fait pour rester assis toute la journée." Pour Olivier Weber, notre civilisation "trop sédentarisée, est mortelle". Il en est convaincu, "on a besoin mettre en avant cette pulsion cet élan, ce mouvement".
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