À l’affiche cette semaine une comédie romantique française qui rend hommage au cinéma : "Le Cours de la vie" de Frédéric Sojcher avec Agnès Jaoui, dans un rôle qui lui ressemble.
Agnès Jaoui est parfaite, comme toujours, naturelle et émouvante, dans le rôle d’une scénariste qui vient donner une "masterclass" devant des étudiants en cinéma. À l’heure où les scénaristes d’Hollywood sont en grève pour réclamer une meilleure reconnaissance et rémunération de leur travail, il est particulièrement éclairant de découvrir à quel point c’est un vrai métier ! Et le cours magistral d’Agnès Jaoui (Noémie dans le film) devrait passionner tous ceux qui ont un jour ou l’autre eu envie de se lancer dans l’aventure de l’écriture.
C'est le scénariste Alain Layrac qui adapte son propre livre "Atelier d’écriture" (éd. Hémisphères, 2017). L’ouvrage est sous-titré humoristiquement "50 conseils pour réussir son scénario sans rater sa vie". Et le charme du film tient justement dans son scénario ! Noémie a été invitée par Vincent, directeur de l’école, pour intervenir devant ses élèves mais aussi parce qu’il a envie de la revoir. Ils se sont aimés il y a trente ans puis perdus de vue. Elle est devenue une artiste connue tandis que lui a opté pour l’enseignement, et surtout ne s’est jamais vraiment remis de leur rupture.
À partir de cette trame à priori classique et qu’on découvre au fil du film, il tisse de manière très habile les liens qui existent inexorablement entre la fiction et la vie. Ou comment toute création artistique se nourrit immanquablement des expériences vécues et peut en échange modifier le cours de la vie.
Aux côtés d’Agnès Jaoui, on retrouve Jonathan Zaccaï, qu’on a plus l’habitude de voir dans les seconds rôles. Il interprète un Vincent attachant, qui doute, et forme avec Noémie un couple entre légèreté et nostalgie qui nous émeut, et surtout qui évite l’écueil de la mièvrerie.
Petit bémol sur la galerie d’élèves qui paraît plus artificielle. À part quelques scènes amusantes (et bien écrites toujours !), j’ai eu le sentiment qu’ils étaient là pour illustrer le propos en le déclinant. Et ça m’a laissé un vague sentiment de vouloir cocher toutes les cases des problématiques des jeunes d’aujourd’hui.
Le réalisateur Frédéric Sojcher, lui, a un parcours plutôt atypique. Il partage son temps entre sa vie d’universitaire à la Sorbonne où il enseigne et dirige un Master de cinéma, et son travail de réalisateur (c’est son cinquième long métrage) où on pourrait dire qu’il met en pratique son savoir, une sorte de travaux appliqués après la théorie.
Et cela donne des films hybrides et singuliers, hors des sentiers balisés du septième art, souvent tendres et sans prétention mais tout de même profonds. Son dernier film, "Je veux être une actrice" mettait en scène sa fille de dix ans entre documentaire et fiction, et explorait cette fois le métier d’acteur, avec des témoignages assez touchants où l’on peut entendre la voix douce de Michael Lonsdale nous dire que "les artistes sont les témoins de l’invisible", et que "c’est une grâce".
La musique est signée Vladimir Cosma. Ce grand compositeur de cinéma ("Les Aventures de Rabbi Jacob", "Le Grand blond", "L’Aile ou la cuisse") est un ami de Frédéric Sojcher : il a signé la musique de tous ses films, dont celui-ci. Il lui apporte sa touche de romanesque, et de mélancolie. Il lui a aussi permis d’en reprendre certaines plus connues, dans de jolies scènes du cours de Noémie où l’on entend seulement les bandes-sons des extraits de films qu’elle projette, tandis que les images restent en hors-champ. Pour les mélomanes, d’ailleurs, un concert symphonique dirigé par Vladimir Cosma est proposé à Paris les 15, 16 et 17 juin prochains, au cinéma Le Grand Rex.
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