Le film de Mel Gibson a déjà vingt ans. L’occasion de s’interroger sur le succès de ce cinéma explicitement chrétien. A quelques jours de la remise du prix Croire au cinéma, les chroniqueurs de l’émission Effervescence défendent plutôt la recherche du spirituel dans l’art que des œuvres strictement religieuses.
En 2004, personne n’aurait parié sur un film tourné en araméen évoquant les derniers jours de Jésus. Mais Mel Gibson l’a fait et les dollars sont tombés : plus de 600 millions pour un film qui lui avait coûté 30 millions, soit vingt fois la mise.
A l’époque, beaucoup lui avaient reproché une complaisance avec la violence. Vingt ans après, beaucoup se souviennent encore des dix minutes insoutenables de la scène de la flagellation. Et pour François Huguenin ce parti pris hyper réaliste est "à l'opposé des Évangiles toujours discrets sur les cruautés vécues par jésus et ses premiers disciples.”
Le succès que va rencontrer le film de Mel Gibson va marquer un tournant. Aux Etats-Unis, la partie la plus conservatrice des catholiques et des évangéliques qui jusqu'à présent se méfiait d'Hollywood va s'approprier le cinéma comme un outil d'édification et d'évangélisation. Et à Hollywood, certains comprennent que les communautés chrétiennes peuvent être un public rentable.
C'est ce que raconte le documentaire Godllywood des réalisateurs Darius Kaufmann et Eytan Jan que l’on peut voir actuellement sur Arte et qui explore ce cinéma chrétien et militant. Pour Delphine Freyssinet "avec ce genre de films, foi et cinéma ne font pas bon ménage car cela donne vraiment des films mièvres”. Cette industrie autour du cinéma chrétien est typiquement américaine avec des réalisateurs qui sont sincèrement dans une démarche de foi tout en assumant sans complexe faire du business. Ils expliquent d’ailleurs au micro des auteurs de Godllywood, ne rien avoir à voir avec les grands artistes du 7ème art.
Depuis quelques années, ces films arrivent en France par l'intermédiaire du distributeur Sage, et ils rencontrent aussi un certain public. Valérie de Marnhac comprend “le succès de ces films comme un retour de boomerang face à une industrie cinématographique qui a un peu oublié toute la dimension spirituelle de l’homme. Le religieux, la spiritualité font partie de la nature humaine et c’est dommage qu’aussi peu de films l’expriment” et François Huguenin de renchérir, “quand on met de côté, que ce soit au cinéma ou en littérature, la dimension spirituelle de l’homme, on risque d’avoir des œuvres complètement atrophiées.” Pourtant pour Valérie de Marnhac, “le risque avec cette niche cinématographique, c'est vraiment de créer une contre culture alors que la culture devrait être un pont entre les hommes.”
Pour l’équipe d’Effervescence, on n’est pas obligé de se contenter de ce genre de cinématographie pour discerner la lumière du message des évangiles au cinema. Et Delphine Freyssinet de citer La vie est belle de Frank Capra qui, sans être un film explicitement chrétien, véhicule des valeurs de rédemption, d’amour et de charité sans oublier cette belle figure de l’ange. Pour François Huguenin “le passage de la grâce dans un film ne dépend pas du sujet, ça se produit … il n’y a pas de cinéma chrétien” estime-t-il. C’est parce que des signes de résurrection sont présents dans l'ensemble de la création cinématographique que les jury œcuméniques et le prix Croire au cinéma ont été créés. L’équipe du prix Croire au cinéma sélectionne ainsi, parmi les films sortis en salle pendant l’année écoulée, des œuvres qui racontent le monde, la vie et ont en commun d’être tous à leur manière "porteur de paix” explique Valérie de Marnhac.
Le lauréat du prix Croire au cinéma sera connu le 29 janvier, quant à Mel Gibson, il a annoncé vouloir commencer le tournage de sa Résurrection, la suite de la Passion du Christ, cette année.
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