Dans son rapport dévoilé aujourd’hui, le Secours Catholique dresse l’état de la pauvreté en France. Et le constat est sans appel : « le sort des plus vulnérables s’aggrave », et ce sont les femmes les premières victimes de la précarité, comme l’affirme Jean Merckaert, directeur Action-plaidoyer France Europe au Secours catholique invité de la matinale.
« Notre société est malade », déplore Jean Merckaert. Avec une dégradation de 7% du pouvoir d’achat constatée entre 2021 et 2022 chez les bénéficiaires du Secours catholique, la précarité se fait de plus en plus prégnante. Une pauvreté qui a plusieurs visages : les jeunes de 18 à 25 ans, les étrangers et surtout les femmes. « En 1989, le secours catholique accueillait à peu près pour moitié des hommes et des femmes ; en 2022 on est à +57% de femmes accueillies », illustre le directeur Action-plaidoyer de l’association.
Plusieurs raisons expliquent cette vulnérabilité des femmes, à commencer par les ruptures conjugales. « Bien souvent ce sont les femmes qui trinquent parce qu’elles ont la charge des enfants dans neuf cas sur dix », explique Jean Merckaert. En devenant mère solo, les femmes ont d’importantes charges à assumer qui les met en difficulté financière. « Souvent elles se privent de choses pour elles-mêmes » afin que leur enfant ne soit privé de rien, constate-t-il.
L’autre facteur de pauvreté résulte de l’inégalité économique avec les hommes. « Les femmes occupent souvent des métiers moins bien rémunérés, notamment des métiers du soin, et on s’aperçoit aussi qu’elles occupent des emplois plus précaires avec des CDD et des temps partiels subis », détaille le membre du Secours catholique.
Ces personnes prennent soin du lien social, il serait temps qu’on prenne soin d’elles
Ces difficultés à boucler le budget sont sources d’angoisse pour les femmes et les mères seules. A cette « obsession quotidienne » s’ajoute le poids du regard de la société : « elles se sentent jugées, coupables, comme si on leur enfonçait la tête sous l’eau », rapporte-t-il. Un sentiment empiré par les termes administratifs employés à l’encontre de ces femmes, considérées pour la plupart comme « inactives », alors que de nombreuses charges leur incombent, notamment concernant l’éducation des enfants. « Ces personnes prennent soin du lien social, il serait temps qu’on prenne soin d’elles », conclut Jean Merckaert.
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