JavaScript is required
Accueil
Pourquoi (re)végétaliser les quartiers de Niort ? Réponse avec Thibault Hébrard

Pourquoi (re)végétaliser les quartiers de Niort ? Réponse avec Thibault Hébrard

Un article rédigé par Matthieu Riolland - RCF Poitou Deux-Sèvres, le 5 février 2025 - Modifié le 6 février 2025
Commune PlanèteVégétalisation de Niort avec Thibault Hébrard

La ville de Niort mène depuis quelques années une politique de végétalisation de ses quartiers. Le dernier exemple est le Port Boinot. Mais ce n’est pas le seul. À chaque projet de la ville, l’objectif est de retirer du béton. Thibault Hébrard, adjoint chargé de l’environnement, explique l’intérêt de cette politique.

Thibault Hébrard, adjoint à la ville de Niort, chargé de l'environnement, présente les avantages de la politique de (re)végétalisation des quartiers © Matthieu RiollandThibault Hébrard, adjoint à la ville de Niort, chargé de l'environnement, présente les avantages de la politique de (re)végétalisation des quartiers © Matthieu Riolland

Le Port Boinot est l’exemple de cette politique. Des travaux vieux de 10 ans, d’un coût total de 12 millions d’euros, pour réhabiliter les monuments et créer un espace convivial, avec notamment de nombreux espaces verts et espèces végétales. Un exemple parmi tant d’autres et qui est amené à se répéter.


RCF : Cette politique a un coût. Par exemple, la rénovation du Port Boinot a coûté 12 millions d’euros. Il faut ajouter le coût d'entretien, les espaces verts coûtent plus cher à entretenir que des espaces bétonnés. Est-ce que végétaliser les villes, c’est une politique rentable ?

C'est un investissement sur le long terme. Mais bien sûr, c'est rentable. À partir du moment où on améliore le bien-être des habitants, on fera des économies ailleurs, surtout sur la santé. Le bitume ça coûte cher au début et après en termes d'entretien, on le rénove peut-être une fois tous les 7 à 10 ans et puis c'est réglé.

Alors que la végétalisation, une fois que la surface est en terre et enherbée, on ne reviendra pas 10 ans après pour mettre du bitume ou le rénover. Ce qui coûte cher, c'est quand vous allez transformer une friche industrielle ou vous allez vouloir rénover des bâtiments. 

Mais quand vous cherchez à enlever l'enrobé qui a été installé et à mettre de la pleine terre, ce n'est pas ce qui coûte cher. Après, la végétalisation demande une gestion toute particulière avec des équipes, notamment lorsque l'on multiplie les surfaces d'espaces verts à entretenir et à gérer tout au long de l'année. Donc oui, là, c'est un coût de gestion. Mais on l’intègre dans le budget de la ville puisque c'est aussi une volonté politique. Et on peut aussi choisir des espèces qui parfois peuvent nous demander un peu moins d'entretien.

Thibault Hébrard adjoint à la ville de Niort, chargé de l'environnement, l'affirme à chaque projet, il est question de retirer du béton © Matthieu Riolland

RCF : Est-ce que maintenant à chaque projet une question qui se pose, « Comment enlever du bitume » ?

C'est systématique, aujourd'hui, on cherche à désimperméabiliser pour permettre l'infiltration des eaux, on cherche à végétaliser et puis on cherche aussi à récupérer l'eau. Pour chaque projet enherbé ou pleine terre, il y a des citernes qui sont enterrées dessous et qui récupèrent l'eau de pluie des bâtiments. Derrière, ça nous permet aussi d'avoir une gestion et d'arroser l'été si besoin pour entretenir notre végétation.
 

RCF : Est-ce que concrètement, on peut expliquer comment ça se fait que dans un espace végétalisé, il y ait moins de risque de crue ?

En fait, sur le béton, l'eau ruisselle et va directement dans les rivières, ce qui fait que le volume peut augmenter d'un coup et très vite et peut surprendre les citoyens. C'est ce qui s'est passé d'ailleurs en Espagne. Le fait qu'il y ait de la terre ou des espaces végétalisés, c'est que derrière ça fait une zone tampon. C'est comme si vous aviez une éponge qui va absorber l'eau. Celle-ci va donc mettre beaucoup plus de temps à aller soit jusqu'à la nappe ou soit jusqu'à la rivière à côté.

Donc cette zone tampon permet de prendre un peu plus de temps pour que l'eau aille jusqu'à la rivière, et ça évite en tout cas des augmentations de volume trop importantes d'un coup.

 

RCF : Vous avez aussi évoqué l'été, la période de canicule. Comment expliquer concrètement que dans un espace bétonné, on va plus avoir un sentiment de chaleur qu'un autre endroit où on est dans un espace végétalisé ?

C'est principalement la réverbération de la chaleur. Si vous êtes sur du bitume, déjà, la couleur noire absorbe la chaleur et la réverbère également. Si c'est du blanc, c'est différent. C'est pour ça qu'on va aussi sur des sols beaucoup plus clairs. Il y a une différence de plusieurs degrés entre un espace qui est végétalisé et une place qui est entièrement bitumée.

En plus de ça, la nuit, la surface végétalisée reprend de l'humidité, alors que le bitume va demander beaucoup plus de temps pour se refroidir.
 

Pour les travaux de rénovation, Niort favorise les arbres, les espaces verts et des sols clairs © Matthieu Riolland

RCF : L'opposition a évoqué le fait qu'ils ne voyaient peut-être pas assez d'arbres dans la réhabilitation du Port Boinot. Est-ce que c'est vraiment une question du nombre d'arbres ? 

Non, c'est beaucoup plus vaste que ça. Les arbres sont très importants, et la municipalité s'est engagée à en planter 60 000. Donc, c'est pour dire qu'on a vraiment pris la question à bras-le-corps.

C'est simplement que certains espaces doivent aussi permettre aux gens d’en profiter. Vous ne pouvez pas planter des micro-forêts dans tous les sens, même si la micro-forêt est très intéressante. Quand vous avez un espace comme Port Boinot, ce sont des centaines de personnes qui viennent le dimanche s'y promener, se reposer.

Dès lors que vous aurez un rayon de soleil, vous aurez des personnes qui s'installent sur l'herbe. On ne peut pas planter des arbres à n'importe quel endroit.
 

RCF : Quand on pense végétalisation, on peut aussi penser écologie et biodiversité. Est-ce que ça permet d'avoir un peu de présence de biodiversité dans les villes ?

Bien sûr. On travaille avec deux associations, GODS (Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres) et DSNE (Deux-Sèvres Nature Environnement). Elles réalisent aussi pour la collectivité des inventaires. On travaille sur différentes zones de la ville pour comprendre l'influence de la végétalisation sur la biodiversité. Et on voit clairement que dès lors qu'il y a de la végétalisation, il y a une biodiversité qui est riche.

Donc ça joue, bien entendu, parce que dès lors que vous avez des arbres, vous aurez des insectes. Si vous avez des insectes, vous aurez aussi des chauves-souris et des oiseaux.

Et puis, à côté de ça, on essaie aussi de participer au développement de la biodiversité en mettant des infrastructures. Par exemple, sur certains bâtiments que l'on a rénovés, on a installé des gîtes artificiels. Donc les chauves-souris reviennent et s'y installent.

 

RCF : Est-ce qu'il y a un moyen, pour les lecteurs, de s'impliquer dans la végétalisation de leur ville et notamment à Niort ?

La première chose déjà, c'est si vous avez la chance d'avoir un jardin, c'est de regarder votre jardin et de voir « est-ce que c'est juste un espace enherbé ou est-ce que demain, il peut accueillir une autre végétalisation ? ». Que ce soit en transformant la clôture de parpaing en une haie. Où est-ce qu'il peut y avoir un ou deux arbres ?

On peut s'y intéresser aussi d'une autre manière, en participant à la vie de quartier. Il y a des projets participatifs à Niort, dans lesquels on va pouvoir planter, que ce soit sur le long du chemin du troisième millénaire, que ce soit sur des parcelles bien définies, que ce soit pour la rénovation de la cour du CSC de Saint-Florent. Et puis, à partir du moment où on a envie de s'investir à Niort, il suffit de regarder sur les réseaux sociaux, on a plein de projets. On commence les plantations fin novembre, elles finissent en général début mars et on a plein de projets où, justement, les gens peuvent s'investir.

© rcf NA
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Commune Planète
© rcf NA
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.