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Le dessin de presse, expression d'une liberté nationale ?

Un article rédigé par Laura Pierrez, Madeleine Vatel - RCF, le 9 janvier 2025 - Modifié le 9 janvier 2025
Je pense donc j'agisLe dessin de presse, expression d'une liberté nationale ?

En 2015, les armes qui tirent sur Charlie Hebdo attaquent la liberté d'expression et laissent une trace indélébile dans l’histoire du dessin de presse en France. 10 ans après, qu’en est-il ? Quelle place le dessin de presse a-t-il dans la culture française ? Une émission Je pense donc J’agis présentée par Madeleine Vatel et Melchior Gormand.

© RDNE Stock project / Pexels© RDNE Stock project / Pexels

10 ans après l'attentat du 7 janvier 2015, le média satirique Charlie Hebdo est toujours vivant et la liberté d’expression aussi. Cet évènement aura marqué les Français, mais aussi les dessinateurs et les médias du monde entier. Un bouleversement dans la presse française et dans le dessin qui a impacté la manière de travailler des journalistes et des dessinateurs.

Aujourd'hui, dans les écoles, les élèves apprennent à lire les dessins de presse grâce à des journalistes et des dessinateurs qui se déplacent pour expliquer leur métier, et pour dire aussi que comprendre l’actualité passe parfois par l’humour.

Qu’est-ce que le dessin de presse ? 

Entre caricature, dérision, imitation et satire, le dessin de presse est un outil d’expression très présent en France. Pour Eric Truant, alias Truant, lui-même dessinateur professionnel et membre de l’association Cartooning for Peace, "le dessin de presse est une question de justesse. Il faut un équilibre entre l’humour et la dialectique. C’est ce que moi je cherche lorsque je dessine". Ce qui est visé à travers le dessin de presse, c’est le frottement d’idées. Le but est de créer des discussions et de la réflexion sous le symbole de la satire. Les dessinateurs ont un devoir de transcription dans lequel ils doivent gérer leur degré d’humour en respectant un cadre. 

Le dessin de presse est une question de justesse. 

Ce cadre n’est d'ailleurs pas le même pour tous les pays. En Allemagne, par exemple, le blasphème est puni par la loi, l’humour et la moquerie ne sont pas aussi poussés qu’en France. "En Allemagne on a des journaux satiriques, mais pas autant qu’en France. Je pense que c’est lié au fait que ce n'est pas un pays laïc. Dans nos journaux on retrouve plus de religion", explique Anna Gvelesiani, docteure en études germaniques à Sorbonne Université et auteure d'une thèse sur la liberté de la presse et la censure dans les débats français et allemands autour de Charlie Hebdo.

L’humour n’est peut-être pas universel, mais est-il national ? "Je pense qu’il faut apprendre à être un citoyen, or le dessin de presse et la liberté d’expression sont des outils démocratiques. Il faut participer à sa société en comprenant ce qu'est la caricature.", complète Anna Gvelesiani, également maîtresse de conférence à Sorbonne nouvelle.

L'exemple de Charlie Hebdo

L’attaque du 7 janvier 2015 contre la liberté d’expression a laissé une empreinte inoubliable dans l’histoire du dessin de presse et plus généralement dans les médias. Comment le monde a-t-il rebondi après ce drame ? La satire et l’humour dans les dessins de presse sont propres à chaque média. "Le dessin de presse par Charlie Hebdo vise à désacraliser, à descendre une institution de manière générale. Tout ça le temps d’un dessin pour justement créer une réflexion avec le risque de choquer au point presque parfois de l’outrance", souligne le dessinateur Truant. 

Il ne faut pas arrêter de parler de Charlie Hebdo, même si ça fait 10 ans. 

Pour Anna Gvelesiani, "le numéro après l’attentat contre Charlie Hebdo était celui des survivants et ce n’est pas pour rien. Être survivant de quelque chose, ça veut dire qu’il y a un impact énorme. Tous les métiers ont été confrontés à ce souvenir. Ils se sont demandés comment organiser la rédaction après ça. Pour ma part, j’ai fait plus attention à ma façon de parler de la liberté, comment on parle de la liberté et qu’est ce que ça veut dire pour nos sociétés".

Aujourd’hui, la liberté d'expression et la compréhension du dessin de presse sont toujours d’actualité comme le rappelle l'auteure de la thèse : "il ne faut pas arrêter d’en parler même si ça fait 10 ans. Il faut apprendre et faire mieux pour protéger ce métier. Encore l’année dernière, selon le rapport de Reporters sans Frontières, 56 journalistes sont décédés. Il faut garder cette proportion dont parlait Truant dans la compréhension d’un dessin, de quoi on parle et qu’est ce qu’on en comprend". De nos jours, des professionnels de la presse et de l'information se sont donnés une mission : sensibiliser les jeunes en leur apprenant à comprendre les dessins de presse. 

Parler aux jeunes de l'humour

Entre réseaux sociaux et télévisions, les jeunes sont en permanence confrontés à des images et sont de moins en moins captivés par les dessins de presse. De ce fait, de nombreux dessinateurs se mobilisent dans les écoles, dans les collèges ou lycées, pour partager leur expérience et transmettre l’histoire de leur métier. Truant fait partie de ces médiateurs de l'information : "ce qu’on fait avec les jeunes, c'est leur apprendre à décrypter un dessin de presse ou une image de manière générale. Qu'est-ce qu’on voit, qu’est-ce qu’on en comprend et dans un troisième temps, est-ce qu’on est d'accord avec ce qu’on voit", témoigne-t-il.

Je me sens plus léger après avoir fait un dessin sur quelque chose qui me pèse. 

Les journalistes et dessinateurs ont ce rôle essentiel auprès des nouvelles générations, dans la compréhension des images et de l'humour à travers le dessin : "ce décryptage d’images est super important au-delà même du dessin de presse. On essaie de leur montrer que le contexte d’une image a du sens", précise le dessinateur. 

Les caricaturistes invitent également à prendre du recul. "Au-delà de la liberté d’expression, pour moi c’est la capacité à dire "c’est pas grave même si c’est un drame". Je me sens plus léger après avoir fait un dessin sur quelque chose qui me pèse, alors mon but est aussi de rendre le lecteur plus léger", affirme Truant, avec détermination.

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis
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