En matière nucléaire, les pourcentages comptent. Et surtout, les pourcentages d’enrichissement de l’uranium car selon leur niveau, ils permettent, ou pas, une utilisation militaire du combustible. La semaine dernière, les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont indiqué qu’ils avaient décelé, dans un site nucléaire sous-terrain iranien, la présence d’uranium enrichi à 83,7%, soit tout près des 90% requis pour fabriquer une bombe nucléaire.
Les responsables de Téhéran ont tout de suite minimisé cette découverte, affirmant d’une part qu’il s’agissait en l’occurrence d’une quantité microscopique de combustible. Et d’autre part que ce degré d’enrichissement n’était pas intentionnel.
Certes les Iraniens ne font pas mystère d’enrichir de l’uranium jusqu’à 60%, soit un niveau très supérieur à celui de 3,67% que leur accordait l’accord sur le nucléaire signé en 2015 par la République islamique, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, plus l’Allemagne. Mais depuis que les États-Unis, sous la direction de Donald Trump, se sont retirés de cet accord trois ans plus tard et qu’ils ont rétabli des sanctions américaines contre l’Iran, celui-ci ne s’estime plus tenu par le texte. Du coup, il a progressivement fait grimper le niveau d’enrichissement de son uranium et la quantité de ce combustible enrichi.
Rappelons que la République islamique affirme toujours que son programme nucléaire est parfaitement pacifique. Rappelons aussi que dans le passé, jusqu’en 2003, elle avait dissimulé ce programme. Raison pour laquelle sa parole est depuis lors suspecte. Certes pour fabriquer et lancer une bombe nucléaire, il ne suffit pas de disposer d’uranium enrichi à 90%. Il faut aussi être capable de "militariser" ce combustible en le plaçant dans une ogive et ensuite il faut avoir un missile à même d’emporter cette ogive.
En matière de missile, l’Iran fait des progrès. Récemment, il a encore exhibé un nouvel engin, baptisé Asef, destiné à être installé sur des avions de chasse. En revanche, selon les informations dont dispose la CIA, l’Iran n’a pas de programme actif de militarisation, autrement dit de fabrication d’ogive, depuis 2003.
Il n’est pas certain cependant que cette estimation des services américains suffise à calmer les inquiétudes des autorités israéliennes qui jugent que l’État hébreu serait la première cible potentielle d’une bombe iranienne et qui font régulièrement savoir qu’une attaque préventive des installations nucléaires iraniennes pourrait s’avérer nécessaire. Comme l’Etat hébreu le fit en 1981 contre un réacteur irakien.
C’est un scénario que l’administration Biden voudrait éviter, tant elle est consciente des risques de déflagration régionale qu’une telle action contre l’Iran pourrait entraîner. Mais dans le même temps, cette même Administration Biden qui a voulu renégocier un nouvel accord avec l’Iran plutôt que de simplement réintégrer celui de 2015, n’est pas parvenue à son but. Résultat : la République islamique joue la montre dans ces négociations et continue de s’approcher du seuil fatidique des 90% où elle aurait en principe, sinon peut-être en pratique, le moyen de fabriquer l’arme fatale.
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