LA CHRONIQUE DE PIERRE DURIEUX - Le procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne vient de s’achever. Le terroriste est mort, il ne sera donc jamais condamné, mais il s’agissait ici de juger l’entourage de Radouane Lakdim et d’évaluer les responsabilités de ceux qui ont pu, d’une façon ou d’une autre, conduire à ce drame.
Au fond, ce procès ne résout rien, il ne répare rien, mais il aura eu le mérite de poser les bonnes questions.
Quel est le point de bascule entre la civilisation et la barbarie ? A quel moment, une petite racaille passe des réseaux sociaux à l’emprise numérique, de la décapitation en ligne au terrorisme en acte ? Qui au fond est responsable de cette cruauté. Est-ce que l’entourage d’un criminel porte en lui une responsabilité de son inhumanité ?
Maitre Henri de Beauregard, avocat de l’otage, qui a survécu grâce à l’intervention de Beltrame, a dénoncé pour sa part « l’écosystème fait de demi-encouragements, de silences, de petites lâchetés et de grands renoncements. »
La force de l’exemple de Beltrame bien sûr ! Il ne s’est pas sacrifié pas, non, il a combattu, souligne sa famille. En ce sens, ce n’est pas un Maximilien Kolbe du XXIe siècle. Non, c’est un soldat, qui dans son acte de bravoure incroyable, va donner sa vie, et en sauver une autre. Son geste est une lumière durable pour notre temps, parce que, ce que Beltrame a fait, personne ne peut dire en vérité, qu’il aurait pu le faire !
Là où Arnaud a gagné, c’est par les places, les rues et les vocations qui demain sauveront des vies.
Voilà pourquoi, pour la première fois depuis les attentats de Charlie Hebdo, nous avons été épargnés par les « #jesuismachin ». Car qui peut dire en conscience « JeSuisBeltrame » ? Tout le monde a oublié le nom du terroriste du super U, mais le nom d’Arnaud Beltrame est immédiatement entré dans notre histoire nationale et dans nos villes. Le frère de Beltrame l’a dit : « Là où Arnaud a gagné, c’est par les places, les rues et les vocations qui demain sauveront des vies ».
Mais, l’avocat l’a souligné dans sa plaidoirie : « On ne devient par Arnaud Beltrame totalement par hasard, un soir de mars. On se construit. On forge son caractère. On affute son âme. On apprend à aimer ce qui est grand et à se préserver de la médiocrité. » Voilà la ligne de fracture qui séparera à tout jamais le terroriste et le héros : L’un prend la vie et l’autre est prêt à la donner. Apprendre à tuer ou apprendre à sauver : l’entourage y est aussi pour quelque chose !
Il faudrait des collèges des Bernardins dans chaque diocèse, des lieux de dialogue islamo-chrétiens qui se multiplient, des universités qui fassent des « labos de la foi » ! Car, la raison sans la foi conduit à une vie sans horizon. Et si notre seule perspective est celle du supermarché, saint Exupery a raison : « on ne peut pas continuer à vivre de frigidaires, de bilans comptables et de mots croisés »
Mais la foi sans la raison peut conduire à une autre folie, cette violence qui a tellement besoin d’être canalisée, par les lumières de l’intelligence humaine ! Apprendre à croire et apprendre à comprendre : l’entourage y est aussi pour quelque chose !
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