Marseille
Point de vue de Blanche Streb - Des personnes qui se sentent menacées parce qu’elles portent une fragilité visible. Elles ont tenu une conférence de presse mercredi 10 avril aux abords de l’Elysée, à l’appel du collectif "Soulager mais pas tuer".
Pour déposer les 30 000 signatures de l’appel solennel initié par leur parrain, le regretté Philippe Pozzo di Borgo, lui-même tétraplégique et qui avait inspiré le film Intouchables, le collectif "Soulager, mais pas tuer" a tenu une conférence de presse.
Devant ce projet de loi présenté mercredi 10 avril en conseil des ministres, les personnes vulnérables ressentent des peurs légitimes, auxquelles nous devrions tous être sensibles, même quand on se croit fort, parce qu’en réalité, nous sommes et serons tous concernés. Ce qu’il faut craindre ? Tout simplement ce qui se passe quand on légalise le suicide assisté et l’euthanasie. Il suffit de jeter un œil sur les rares pays qui l’ont fait. Ça bouleverse toute une culture. C’est un changement de regard complet de tous sur tous. Et celui-ci aboutit à l’exclusion et à l’auto-exclusion des plus fragiles. J’ai pu lire leurs témoignages et je suis heureuse de leur donner un écho ce matin.
Mon immense crainte, si on la propose, est que l'on renonce à développer les aides à vivre
Caroline, venue de Bourgogne, a partagé une image très parlante : "si j’étais un coureur du tour de France, peinant mais bien vivant, à qui les supporters lanceraient "arrête, c’est trop dur pour toi !" plutôt que "vas-y, on est avec toi !". Comment croire que ça ne changerait rien ?"
Isabelle Mordant, mère et aidante de Thomas atteint d'une maladie génétique rare et grave, et autrice d'un livre magnifique nous alerte : "Une "aide à mourir" serait simple à mettre en œuvre, peu coûteuse et d'une efficacité redoutable. Mon immense crainte, si on la propose, est que l'on renonce à développer les aides à vivre dont mon fils, et d'autres personnes dans sa situation, ont tant besoin, et qu'on prive ainsi ces personnes du choix de vivre".
Carolina, venue de Toulouse, atteinte de la maladie des os de verre, nous dit : « En permettant le suicide assisté, quelles considérations pourrons-nous attendre et espérer ? Bien sûr, on ne me tuerait pas directement… Mais on me pousserait sûrement à le demander, ou on m’en ferait la proposition. Alors, pour que notre dignité ne soit pas abaissée à une dignité de rentabilité, aidons-nous à vivre, et pas à mourir ! ».
Et à Gérard, handicapé de naissance, le mot de la fin : « Jamais je n’aurais voulu manquer l’expérience de la vie ».
En 2023, Agnès Firmin le Bodo avait affirmé « ceux qui veulent mourir, il suffit de deux jours en soins palliatifs pour qu’ils veuillent vivre ! ». Alors bon sang, arrêtez cette loi avant qu’elle ne fasse trop de dégâts.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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