LA CHRONIQUE DE STEPHANE VERNAY - Gabriel Attal a prononcé mardi 30 janvier le discours de politique générale. Je l’ai suivi, hier après-midi, en direct de l’Assemblée nationale.
Pas à la télévision, vraiment en direct, depuis la tribune réservée à la presse, au sein de l’hémicycle, ce qui m’a permis de voir les choses sous un angle différent de ce que l’on peut voir à la télévision.
C’est le son qui fait toute la différence. Ou le bruit, plutôt. A la télé, vous entendez distinctement ce que dit le Premier ministre, parce qu’il a un micro qui filtre les sons extérieurs. Dans l’hémicycle, c’est l’inverse. Vous entendez Gabriel Attal parler quand les députés arrêtent de crier. Et hier, ça criait beaucoup.
A gauche de l’hémicycle, au début, essentiellement du fait de quelques Insoumis qui ont pris l’habitude de crier à tout bout de champ en séance publique, quel que soit l’orateur ou le sujet débattu. Ils ont créé une sorte de brouhaha continu, fait de remarques à voix haute et de quolibets. On aurait pu se croire au beau milieu d’un bizutage, que notre jeune Premier ministre aurait affronté en parlant très vite, et sans s’interrompre.
Le centre de l’hémicycle lui aussi, a fait beaucoup de bruit, en applaudissant de manière appuyée, souvent debout, les annonces de Gabriel Attal.
A droite de l’hémicycle, c’était plus calme au cours de la première heure du discours. Il faut dire que le Premier ministre a promis beaucoup de choses susceptibles de plaire à ce côté du Palais Bourbon. Des mesures pour que le travail paye mieux et toujours plus que l’activité. Un durcissement des règles de l’assurance chômage et l’instauration de 15h d’activité obligatoire pour pouvoir toucher le RSA. Des baisses d’impôts et de charges. De nouveaux droits pour les indépendants. Un “choc de l’offre” en matière de logement.
Une simplification des normes – manifestement très appréciée - et un retour à l’équilibre budgétaire. Des dispositions sur la santé, beaucoup, les bas salaires, la justice des mineurs, l’école, l’instruction civique, la transition écologique, le nucléaire, l’agriculture, la lutte contre le trafic de drogue, l’autonomie de la Corse, les infirmières scolaires, la fin de vie, la prise de plaintes en ligne, les parents défaillants… bref ! Des promesses sur un très grand nombre de sujets que la droite aurait pu faire sienne, dans l’esprit et le détail.
A la fin, quand Gabriel Attal, après avoir beaucoup promis, s’est mis en tête de parler d’Europe. Ce fut court mais clair, et directement tourné contre le Rassemblement national, dont les députés ont été traités par le Premier ministre de “partisans du Frexit”. On n’était plus dans la politique générale, à ce moment-là, mais déjà dans la campagne pour les élections européennes, qui se tiendront le 9 juin prochain en France.
Il y aura beaucoup de choses à préciser dans la très longue liste de choses promises par Gabriel Attal hier. Mais il en restera quatre impressions, fortes, au-delà de la confusion qui régnait sous la grande verrière du Palais Bourbon. Un, le Président n’avait pas tout annoncé la semaine dernière, le Premier ministre avait quelques surprises à lui, en réserve. Deux, son volontarisme crève l’écran. Trois, le pouvoir aura beau s’en défendre, c’est clairement une politique de droite qu’il compte appliquer. Et quatre, la majorité présidentielle, malgré ce coup de barre à droite, est manifestement soudée derrière son nouveau chef, avec l’envie d’en découdre aux européennes.
Il y a une dynamique. Maintenant, il va falloir tenir. Tenir les promesses, et tenir dans la durée. Le 9 juin, c’est loin, et les agriculteurs, eux, n’ont manifestement pas entendu les mêmes choses que moi. Ils n’avaient pas le bruit de fond, mais le discours ne leur a pas plu.
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