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Loi fin de vie, nous y sommes, par Pascale Morinière

Un article rédigé par Pascale Morinière - RCF, le 12 mars 2024 - Modifié le 29 mai 2024
La chronique des AFC Loi fin de vie, nous y sommes

Le projet de loi sur la fin de vie a été présenté dimanche soir par le président de la République. C’est un projet de loi qui autoriserait le suicide assisté et l’euthanasie dans une même loi. Ce texte permettrait aussi à la personne qui ne serait plus dans la capacité de se suicider, d'être euthanasiée par un proche, une clause unique à ce jour.

Pascale Morinière ©RCF RadioPascale Morinière ©RCF Radio

L’injection létale pourrait être réalisée par le mari, la femme, le fils, le frère, etc. On imagine ce que ça pourrait entrainer dans des familles déjà éprouvées par la maladie terminale d’un des leurs. Que de deuils difficiles, de conflits à jamais irréconciliables, de rancunes tenaces lorsque dans une fratrie, certains s’opposeront au choix de leur parent et que d’autres le partageront jusqu’à y participer !

Les soignants seront les décisionnaires

Si le Parlement garde ces orientations, les soignants auront à prendre la décision à la demande du patient, puis à la mettre en œuvre. Étonnamment, les soignants n’ont plus du tout été consultés depuis septembre dernier, c’est-à-dire dans la phase de rédaction du texte. Cette loi est écrite sans qu’ils aient pu donner leur avis et alors qu’ils auront, eux, à l’appliquer. À noter qu’aucune clause de conscience n’a été évoquée. Pourtant beaucoup de familles, avant l’entrée d’un proche en établissement de soins ou en EHPAD, aimeraient être assurées que l’établissement ne pratique pas de mort sur ordonnance.

Une loi à l'inverse de la fraternité ?

Lorsque la loi laisse entendre qu’il est temps de "s’auto effacer" pour ne pas peser sur ses proches, je ne vois pas où est la fraternité. C’est l’exacte inverse d’une loi de rassemblement. C’est une loi qui participe de la culture de mort. On ne bafoue pas impunément la conscience d’une partie importante de la population sans entrainer des oppositions très fortes.

Le gain politique est clair afin de se positionner dans le "camp du progrès". Mais les dégâts dans la société seront majeurs en clivant la France en deux camps opposés sur le dos des personnes âgées, malades, handicapées, délaissées… Le seul progrès réel serait un soutien clair et ambitieux aux soins palliatifs

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