LA CHRONIQUE DE STEPHANE VERNEY - Le président de la République avait souhaité que les parlementaires débattent publiquement de l’accord de sécurité signé à la mi-février entre Paris et Kiev. Les députés ont été les premiers consultés, hier.
Après 4 heures d’échanges, ils ont largement voté en faveur du maintien du soutien de la France à l’Ukraine : 372 voix pour, 99 contre (essentiellement les communistes et les Insoumis) et 101 abstentions (tous les députés Rassemblement national se sont abstenus).
Les sénateurs passeront par la même séquence, ce jour, qui sera elle aussi accompagnée d’un vote consultatif, sans grand suspense.
L’Elysée et Matignon estiment qu’un débat avec vote permet de “clarifier les positions” de chaque parti sur le conflit en cours. C’est aussi un moyen de faire reparler de cette guerre, aux enjeux essentielles pour l’Europe et nos démocraties occidentales, alors que l’intérêt des Français pour la question à tendance à s’éroder.
Les oppositions n'entendent pas les choses de la même façon. Certains voient dans l’exercice une basse manœuvre politicienne inspirée par la proximité des élections européennes. De nombreux orateurs sont revenus hier sur les propos tenus par le chef de l’Etat concernant la possibilité d’engager des troupes européennes en Ukraine. En filigrane, les détracteurs d'Emmanuel Macron le suspectent d’avoir jeté de l’huile sur le feu non pas pour faire reculer la Russie mais pour mettre dans l’embarras les principaux adversaires de la majorité présidentielle avant le scrutin du 9 juin. En campagne, tous les coups sont permis.
Mais il n’y a pas que cela. La situation, en Ukraine, est véritablement critique, alors que les enjeux de ce conflit sont colossaux. En mettant les pieds dans le plat avec cette histoire de “troupes au sol” et en demandant au Parlement de débattre publiquement de la question Ukraine, Emmanuel Macron cherche d’abord à réveiller les Français, et les Européens, sur ce qui se joue à l’échelle du continent et l’impérieuse nécessité d’arrêter Vladimir Poutine.
Tout ceci n’est pas “l’affaire de Macron”, ou “sa guerre”, comme on commence à l’entendre beaucoup trop. Si l’Ukraine tombe aux mains des Russes, les conséquences pour la France, l’Europe et le monde seront énormes. Nous aurons à faire face à une vague massive de réfugiés, sans comparaison avec l’accueil organisé au début du conflit. Les Russes auront tout loisir de contrôler, et de faire exploser les prix de l’énergie et des céréales, avec des conséquences dramatiques sur nos économies et notre quotidien. Et ils ne s’arrêteront pas aux frontières de l’Ukraine. La Moldavie, la Pologne, les Pays Baltes, la Finlande sont inscrits au menu de l’ogre russe.
Ceux qui prétendent que tout cela ne serait que fantasme, exagération ou pulsion de “va t en guerre”, sont aussi ceux qui ricanaient, début 2022, en nous expliquant avec force arguments pourquoi la Russie n’attaquerait jamais – oh grand jamais - l’Ukraine. Ils se sont lourdement trompés, souvenons-nous en. Et ouvrons les yeux. Si les débats du moment nous aidaient à être un peu moins naïfs, on pourrait tout leur pardonner. Même les grosses arrière-pensées électoralistes qui les accompagnent…
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