LA CHRONIQUE DE THÉO MOY - Après le vote du 4 février où les Parisiens ont voté pour l’augmentation du prix du stationnement pour les SUV, Théo Moy revient sur les bonnes raisons qu’un bobo parisien comme lui a d’être favorable à cette mesure.
Depuis septembre et mes débuts dans cette matinale, mon cher Pierre-Hugues, vous m’avez régulièrement présenté comme journaliste à La Croix, et c’est parfaitement vrai. Mais je suis aussi, je dois l’admettre par honnêteté au moment d’entamer cette chronique sur les SUV, un bobo du XXème. En effet, j’habite dans le XXème arrondissement de Paris, je mange des légumes bios, je bois des bières IPA, et pour venir au travail à Montrouge tous les matins je traverse Paris à vélo.
Alors forcément, l’augmentation du tarif de stationnement pour les plus gros véhicules, les SUV, j’étais assez naturellement pour. Je l’étais d’autant plus que quelques jours avant le vote, j’ai traversé le 16ème arrondissement, et j’ai été stupéfait de constater que les places de stationnement étaient remplies aux 2/3 de ces espèces de monstres de tôles et de pollution. Mon choc a été d’autant plus grand que dans ma rue du 20ème arrondissement, j’en croise très rarement.
Alors oui, c’est une bonne idée de taxer hors de leur zone de résidence les usagers de ces véhicules trop gros. Ça découragera beaucoup de parisiens d’utiliser leur SUV dans Paris pour un trajet faisable en transport en commun, ou, comme moi, en vélo. Usagers d’ailleurs souvent aisés voire riches, qu’il est logique de taxer à la hauteur de leurs moyens.
Pour les personnes à mobilité réduite ou trop âgées, que les défenseurs de la voiture citent souvent, il existe de petits véhicules électriques, parfaitement adaptés à ces déplacements intramuros.
Pourtant malgré cet avis plutôt positif, je n’irai pas jusqu’à dire ici, comme un journal allemand l’a fait récemment, qu’avec cette mesure Anne Hidalgo entre dans la « catégorie des génies ». Car cette hausse des tarifs de stationnement ne va pas résoudre tous les problèmes posés par les SUV…
Tout d’abord, l’exercice de définition du SUV est difficile. En s’en tenant à un critère de poids, la mairie de Paris va taxer certains véhicules trois fois plus que d’autres véhicules plus polluants, mais moins lourds… Il y a donc quelques trous dans la raquette. La mairie de Lyon a été plus maligne, faisant des exceptions pour les voitures hybrides rechargeables et les familles nombreuses.
Par ailleurs, face à un problème aussi vaste que les SUV, la réponse municipale n’est de toute façon pas suffisante. Le bilan du SUV, ce sont des gammes de voiture qui étaient de taille normale et qui se retrouvent dans leurs dernières versions bombées dans tous les sens. On peut aussi citer au bilan du SUV la disparition des voitures familiales, les fameux monospaces, et surtout une inflation extrême du prix des voitures.
Les SUV, l’Etat devrait tout simplement les interdire. Nous avons le pouvoir à travers la France, l’Union Européenne et les normes de fabrication et d’importation, de contraindre les constructeurs à cesser de construire ces aberrations écologiques, humaines et spatiales et revenir à des véhicules pratiques, sobres, adaptés à nos besoins.
Enfin, pour réduire véritablement le nombre de voitures dans Paris, les autorités locales et notamment régionales devraient concentrer tous leurs efforts sur la construction et la pérennisation d’une offre de transports en commun efficace, ponctuelle, et étendue.
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