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À quoi ça sert de prier pour les morts ?

RCF, le 22 octobre 2024 - Modifié le 3 novembre 2024
Halte spirituelle, l'intégraleVie après la mort : le purgatoire existe-il vraiment ?

Le 2 novembre, c’est le jour de commémoration des fidèles défunts. Un jour où, après la fête de la Toussaint, les chrétiens prient pour les morts. Mais à quoi bon prier pour eux ? S’ils sont au paradis, ils n’ont pas besoin de nous et s’ils sont en enfer, ils ne veulent pas de nos prières ! C’est que dans la tradition chrétienne, il existe une troisième voie : le purgatoire. Explications.

"Dans toutes les cultures, on retrouve ce sens de la prière pour les défunts." ©Hans Lucas"Dans toutes les cultures, on retrouve ce sens de la prière pour les défunts." ©Hans Lucas

Il nous est impossible de savoir s’il y a une vie après la mort. C’est une affaire de croyance, une question de foi. Pour les chrétiens en effet, la mort est une fin mais elle n’est pas la fin de tout. Dans la religion chrétienne, on dit aussi qu’il y a un paradis, un purgatoire ou que l’enfer existe. Mais d’où cela vient-il ? Est-ce une révélation divine ? Est-ce écrit dans la Bible ? Réponses du Père Paul Denizot, prêtre de la communauté Saint-Martin, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, enseignant en théologie dogmatique, co-auteur du livre "Le purgatoire dans tous ses états" (éd. Béatitudes, 2024).

La théologie du purgatoire, une troisième voie

Ce mot de purgatoire ressemble un peu à l’idée de purge, "il ne fait pas envie !" reconnaît le Père Denizot. On l’associe beaucoup aux croyances du XIXe siècle, où la prière pour les âmes du purgatoire s’est beaucoup répandue. Mais d’où vient-il ? Il ne figure pas dans les Évangiles ni dans les premiers textes chrétiens. Pourtant, on trouve dans les écrits des Pères de l’Église les idées de "purification" et de "peine purgative". Le mot "purgatoire" est apparu dans l’enseignement de l’Église en 1439, au concile de Florence.

"En fait, cette foi dans cette réalité du purgatoire vient de loin puisqu’elle se fonde sur la prière pour les défunts, rappelle le Père Denizot. Pourquoi est-ce qu’on prie pour les défunts ? S’ils sont au ciel, ils n’ont pas besoin de notre prière : s’ils sont en enfer, ils n’en veulent pas. Donc ça voudrait dire qu’il y a un temps qui n’est pas le temps humain cosmologique où les âmes des défunts pourraient avoir besoin de nos prières."

"Le purgatoire", c'est le titre de la deuxième partie de "La Divine Comédie" de Dante Alighieri (1316) - la première étant intitulée "L’Enfer" et la troisième "Le Paradis". Le purgatoire suggère ainsi l’idée d’une troisième voie : tout n’est pas figé, même après sa mort l’être humain peut s’améliorer, se perfectionner pour peu à peu entrer dans l'éternité. Une idée plus douce que celle de "purge" !

 

Le purgatoire est une intuition qui est profondément humaine avant d’être éclairée par la révélation

 

Pourquoi prie-t-on pour les morts ?

Entretenir un lien avec les morts, que l’on parle de culte des morts ou de culte des ancêtres, est ce que l’on appelle un invariant anthropologique. "Dans toutes les cultures, on retrouve ce sens de la prière pour les défunts." 

Cette idée que "les vivants peuvent encore faire quelque chose pour les défunts", on la trouve aussi dans la Bible, dans l’un des Livres des Maccabées que les catholiques désignent comme le Deuxième Livre des Martyrs d'Israël : "Voilà pourquoi il fit ce sacrifice d’expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés" (2 M 12, 46) "Le purgatoire naît du sens profond que nous pouvons encore rejoindre nos défunts après la mort par notre prière. C’est une intuition qui est profondément humaine avant d’être éclairée par la révélation."

 

Le purgatoire dans les textes de l’Église catholique

Dans les textes de l'Église catholique, la théologie du purgatoire est riche d'enseignements. Elle dit quelque chose de l'espérance chrétienne et de sa vision de l'humanité. « On pourrait enfin se demander : si le « purgatoire » consiste simplement à être purifié par le feu dans la rencontre avec le Seigneur, Juge et Sauveur, comment alors une tierce personne peut-elle intervenir, même si elle est particulièrement proche de l'autre? Quand nous posons une telle question, nous devrions nous rendre compte qu'aucun homme n'est une monade fermée sur elle-même », écrit Benoît XVI dans son encyclique Spe Salvi (2007).

Le pape François, dans la Bulle d’indiction du jubilé 2025, évoque le jugement dernier et l’idée de purification. "Et puisque… on ne peut pas penser que le mal commis reste caché, celui-ci a besoin d’être purifié pour permettre le passage définitif dans l’amour de Dieu. En ce sens, on comprend la nécessité de prier pour ceux qui ont achevé leur parcours terrestre, la solidarité dans l’intercession priante qui puise son efficacité dans la communion des saints…" (par. 22)

Enfin, dans "Lumen Gentium", la constitution dogmatique du concile Vatican II, si le mot "purgatoire" n’est pas employé, il est question de la vie après la mort. "Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort." (par. 51). Dans ce même paragraphe, il est aussi question du culte des saints : "Le culte authentique des saints ne consiste pas tant à multiplier les actes extérieurs, mais plutôt à pratiquer un amour fervent et effectif, cherchant, pour notre plus grand bien et celui de l’Église, « à fréquenter les saints pour les imiter, à nous unir à eux pour avoir part à leur sort, à obtenir le secours de leur intercession »."

 

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