Depuis longtemps la place des femmes dans l’Eglise suscite des questions et des polémiques. Mais dans un contexte sociétal qui évolue très rapidement, elle est devenue inévitable. Anne-Marie Pelletier est professeure en science des religions et auteure de "L'Église et le féminin. Revisiter l'histoire pour servir l'Évangile" publié aux éditions Salvator. Elle est l'invitée de Véronique alzieu.
Dans son ouvrage "L'Église et le féminin. Revisiter l'Histoire pour servir l'Évangile" publié aux éditions Salvator, Anne-Marie Pelletier revient sur 2000 ans d'une histoire marquée par la mise à l'écart du féminin dans notre société mais dans l'Église également. Pour l'auteure le contexte actuel appelle à un questionnement sur la place des femmes dans l'Église. Les récentes évolutions de gouvernance prouve qu'un changement est nécessaire et qu'il s'opère doucement. Pour Anne-Marie Pelletier une manière de répondre à la crise "chaotique et difficile" que vit l'Église est d'aller "voir du côté du féminin, des relations que l'Église au cours de son histoire a entretenu avec le féminin".
La crise actuelle, est "systémique" pour la professeure en science des religions . Le récent compte rendu du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Église le prouve. "Il ne s'agit pas seulement de quelques individus au sein de l'Église qui auraient erré, et c'est un euphémisme, mais ce qui est en cause c'est un certain ordre ecclésiale, c'est une certaine construction théologique de l'Église et sa mise en oeuvre à travers des institutions, c'est cela qui aujourd'hui nous apparait profondément malade et dans cet ordre ecclésiale, bien sur, est impliquée la relation entre les hommes et les femmes, la place qui est faite aux femmes" souligne-t-elle.
Ce qui est en cause c'est un certain ordre ecclésiale, c'est une certaine construction théologique de l'Église et sa mise en oeuvre à travers des institutions, c'est cela qui aujourd'hui nous apparait profondément malade.
Le titre de l'ouvrage parle du "féminin" et non pas "des femmes". Une différence anthropologique fondamentale qui souligne la différence entre le féminin et le masculin. "Le terme permet de problématiser plus profondément. Il y a du féminin, il y a du masculin qui sont censés se rencontrer à travers des hommes et des femmes, alors que la tentation tout au long des débats aujourd'hui c'est d'essentialiser les femmes, de les arracher aux plurielles de la vie réelle et d'en faire "la Femme" souligne Anne-Marie Pelletier.
La culture actuelle donne aux femmes non pas plus de place, car elles l'ont déjà, mais plus de visibilité. "Ce souci des femmes rejoint l'institution ecclésiale et l'oblige à voir ce qu'elle n'avait pas toujours voulu voir et à revisiter un certain nombre de ses discours". Dans son livre "L'Église et le féminin. Revisiter l'Histoire pour servir l'Évangile", Anne-Marie Pelletier cherche à soulever cette question qui a été évitée pendant des siècles. Pour autant "si l'auteur n'hésite pas à poser des questions dérangeantes, son objectif n'est ni de s'enferrer dans une logique de procès, ni de disqualifier la tradition qui porte jusqu'à nous le trésor de la foi".
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