Assomption de la Vierge Marie : quel lien avec la résurrection de la chair ?

Un article rédigé par Odile Riffaud - RCF, le 1 août 2024 - Modifié le 8 août 2024

Pour les catholiques, la Vierge Marie a été élevée corps et âme au ciel sans passer par la mort - c'est ce qu'ils célèbrent lors de la fête de l'Assomption, le 15 août. Quel lien avec la résurrection de la chair ? C'est là un des éléments centraux de la foi chrétienne, cité dans le credo, la profession de foi des chrétiens. C'est aussi l'un des plus difficiles à aborder.

Luca Signorelli, La Résurrection de la Chair, fresque de la chapelle San Brizio, à Orvieto ©wikimédia commonsLuca Signorelli, La Résurrection de la Chair, fresque de la chapelle San Brizio, à Orvieto ©wikimédia commons

Du 12 au 16 août se tient à Lourdes le traditionnel Pèlerinage national de l'Assomption, à suivre en direct sur RCF, partenaire de l'événement. L'Assomption est une fête très importante pour les catholiques, c'est la principale fête mariale. Pourtant on a du mal à en comprendre le sens : on dit que Marie a été élevée au ciel, corps et âme. Quelle différence avec l'Ascension ? Avec la Résurrection ? S'agit-il de la résurrection de la chair que les chrétiens confessent ?

Assomption et Ascension, quelle différence ?

La fête religieuse qui se tient le 15 août est la fête de l’Assomption de la Vierge Marie. C’est la plus importante des fêtes mariales, c’est-à-dire qui concerne Marie, la mère de Jésus. On a parfois tendance à confondre l’Assomption et l’Ascension, mais ce sont deux fêtes très différentes.

Lors de l'Ascension, on célèbre un moment de la vie de Jésus. On dit qu'il est réellement mort, et qu’il est ressuscité. Puis, quarante jours après sa résurrection, il est monté au ciel.

Au sujet de Marie, la tradition catholique dit qu'elle a été "élevée en corps et en âme dans la gloire céleste", comme l'a déclaré le pape Pie XII en proclamant le dogme de l’Assomption, en 1950. Son corps n'aurait pas été corrompu par la mort, d'après la constitution apostolique "Munificentissimus Deus" (1950).

 

Assomption et Immaculée Conception : deux vérités sur la Vierge Marie

En France, l'Assomption est célébrée le 15 août. Une date traditionnellement marquée par le Pèlerinage national organisé par la congrégation des Augustins de l'Assomption. Il a lieu tous les ans à Lourdes. C’est là, dans une grotte au bord du Gave de Pau, que la Vierge Marie a révélé à Bernadette Soubirous qu’elle était l’Immaculée conception.

C’est un autre dogme, c'est-à-dire vérité, de l’Église catholique : "Immaculée Conception" signifie "conçue sans péché". Marie est le seul être humain préservé du péché originel. Si elle a connu une vie terrestre classique, tout son être est empli de l’Esprit de Dieu et épargné par le mal. Le dogme de l’Assomption de Marie a donc un lien avec celui de l’Immaculée conception. La Mère de Dieu est, corps et âme, emplie de l’Esprit de Dieu et épargnée par la corruption de la mort.

L'Assomption de Marie est-elle un exemple de résurrection de la chair ? Si la résurrection est un "retour à la vie après la mort", on pourrait croire que Marie n'est pas concernée. Or, Jean-Paul II a rappelé en 1997 que le concile Vatican II "ne se prononce pas sur la question de savoir si Marie a fait l'expérience dans sa chair du passage par la mort" et que "l'Écriture ne donne pas d'indication à ce sujet". Quoi qu'il en soit on élévation au ciel corps et âme préfigure ce qui est promis à chacun. Selon l'Église catholique en effet : "Ce qui est promis à l’ensemble des hommes justes pour la résurrection générale a été accompli en Marie dès la fin de sa vie terrestre."

 

La résurrection de la chair, un dogme de la foi chrétienne

C’est sans doute l'un des aspects de la foi chrétienne les plus difficiles à aborder. Pourtant, les chrétiens l'affirment quand ils récitent le credo : "Je crois en la résurrection de la chair". Dans la religion chrétienne, croire en la vie éternelle ce n’est pas seulement croire à l’immortalité de l’âme. C’est croire à la résurrection de tout l’être, y compris le corps.

La résurrection de la chair, l'apôtre Paul y fait référence à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. "Nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux" (Ph 3, 20-21), écrit-il dans sa Lettre aux Philippiens. Ou encore : "Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous." (Rm, 11)

À la mort, l’âme et le corps sont séparés, le corps tombe en corruption, tandis que l’âme, qui est immortelle, va vers le jugement de Dieu et attend d’être réunie au corps quand il sera transformé, lors du retour du Seigneur.
Compendium du Catéchisme de l’Église catholique (par. 205)

La résurrection des corps pose un grand nombre de questions. Allons-nous ressusciter dans le même corps ? Si oui, quel âge aura ce corps ? Qu’en sera-t-il des personnes porteuses de handicap ? Et cette résurrection est-elle possible pour les défunts qui ont été incinérées ? Ce sont autant de questions auxquelles on ne peut pas répondre...

 

L’importance du corps dans la religion chrétienne

"Comprendre comment se produira la résurrection dépasse les capacités de notre imagination et de notre entendement", dit le Catéchisme de l’Église catholique. Cela signifie que la résurrection de la chair ne peut être comprise comme une prédiction magique, c’est avant tout une donnée de la foi. Tout comme la résurrection du Christ, il y a là un mystère qui échappe au croyant mais qu'il est invité à méditer.

La résurrection de la chair, si difficile à envisager soit-elle, indique comment la religion chrétienne envisage le rapport au corps. Pour les chrétiens, Dieu a choisi de s’incarner en Homme et de vivre à travers son corps toutes les réalités de la condition humaine. Le corps a donc son importance.

Quand Jésus après sa résurrection se montre à ses disciples, on dit qu’il se manifeste en son corps glorieux. Un corps qui porte les marques de la Passion, puisque Jésus demande à son disciples Thomas, incrédule, de toucher sa plaie. Cela induit les chrétiens à croire que tout ce que vit le corps ici-bas a son importance, y compris les blessures. Le corps qui sera glorifié est bien la chair, telle qu’elle se montre fragile et vulnérable en ce monde. « Le terme "chair" désigne l’homme dans sa condition de faiblesse et de mortalité », peut-on lire dans le Catéchisme de l'Église catholique.

 

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