Un nouveau souffle pour les catholiques traditionnalistes ? Le pèlerinage de Chartres a fait le plein le week-end de Pentecôte. 18 000 fidèles, très jeunes, ont marché plus de 100 kilomètres au rythme des cantiques en latin. L’abbé Matthieu Raffray, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, témoigne de la ferveur renouvelée des catholiques traditionalistes
Du 18 au 20 mai, 18 000 pèlerins ont marché de Paris à Chartres. 100 kilomètres au rythme des cantiques en latin pour ces fidèles de la messe traditionnelle, en communion avec Rome. La moyenne d'âge des pèlerins est étonnamment jeune, autour de 21 ans. L’Abbé Matthieu Raffray explique le succès grandissant du pèlerinage auprès des jeunes, par un désir de rechercher “ un christianisme épanoui, qui se manifeste publiquement". Il estime que le pèlerinage de Chartres permet de découvrir “la joie et la fierté d’être chrétien”.
Pour l’abbé Raffray, les jeunes se désintéressent des grandes querelles liturgiques qui ont suivi le concile Vatican II. Ils passent facilement d’une messe en latin à une soirée louage. L’unité de l’Église est au cœur de leurs priorités. “Cette opposition entre traditionalistes et progressistes est un combat d’arrière-garde” estime l'abbé. Les jeunes générations semblent favorables à un attachement à la tradition. Selon l’abbé Raffray : “On ne se bat pas pour un courant ou pour la victoire d'un camp sur un autre, on se bat pour notre foi, pour Jésus-Christ, pour sa présence dans le monde, quelles que soient les nuances et les façons de faire”.
En 2024, les traditionalistes sont très minoritaires, ils représentent moins de 5 % de catholiques en France. La messe tridentine est encore célébrée dans 250 églises. Le pèlerinage de la Chrétienté est un moment d’affirmation pour le courant traditionaliste. Encore plus depuis la publication du décret "Traditionis Custodes" par le Pape François, qui restreint l’usage de la messe traditionnelle. Pour l’abbé, Raffray : "c’est un pèlerinage qui est né par une certaine revendication. L'objectif est de montrer qu'étant attaché à la tradition, on est des catholiques, au même titre que les autres, nous ne voulons pas être exclus et mis au banc de l'Eglise”.
La position des traditionalistes n'est pas évidente, estime t-il : “La frange traditionnelle dans l’église est très mal vu et quasiment persécutée". Il pointe du doigt la méfiance à l’égard des traditionalistes en contradiction avec le besoin de cohésion dans l’Église : “l'unité aujourd'hui consiste à reconnaître la place toute entière des catholiques attachés à la tradition de plein droit dans l’Eglise.”
La messe de clôture de pèlerinage de Charte a été célébrée lundi 20 mai par le cardinal Müller, ancien préfet du dicastère de la doctrine de la foi. Dans le collège cardinalice, c’est un opposant au Pape François. Pourtant, selon l’abbé Raffray, il n'a pas été invité pour dénigrer : “Il ne s’agit pas de faire de la concurrence ou de critiquer ce qui se fait ailleurs". Pour l’abbé, l'objectif du pèlerinage est de montrer que de nombreux jeunes sont en recherche "de cette forme de catholicisme légitime, qui a fait ses preuves depuis 2000 ans, en faisant des générations de saints.”
Aujourd'hui, l’Abbé Raffray se positionne en faveur d'une certaine évolution : “Il faut avancer, mais vers plus de profondeur, c'est-à-dire revenir vers le Christ et les racines de l'église".
Le but de ce pèlerinage est de montrer à tous les catholiques qu’être traditionaliste ce n’est pas être un "vieux rabougri" nostalgique du passé. Au contraire tous ces jeunes traditionalistes sont l’avenir de l’Église.
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