Alors que les chrétiens entrent dans la grande semaine, la Semaine sainte, dans les églises et dans les temples, on lit ce dimanche le récit de la Passion de Jésus. Et l'évangile du jour, celui des Rameaux, raconte comment Jésus fait son entrée à Jérusalem. Une entrée à dos d'âne, signe de l'humilité d'un roi pas comme les autres...
Évangile du dimanche des Rameaux (Mc 11, 1-11)
Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : “Que faites-vous là ?”, répondez : “Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.” »
Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs.
Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! » Jésus entra à Jérusalem, dans le Temple. Il parcourut du regard toutes choses et, comme c’était déjà le soir, il sortit pour aller à Béthanie avec les Douze.
Source : AELF
Le dimanche des Rameaux est le premier jour de la Semaine sainte. La liturgie, c’est-à-dire le déroulé de la messe, est particulier. Elle comporte deux parties : il y a la liturgie des Rameaux qui est suivie de la messe de la Passion. Au cours de la première partie, on lit un passage de l’évangile de Marc, que nous commente Frère Franck Dubois, dominicain à Strasbourg.
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Dans l'évangile de Marc, "Jésus est toujours en mouvement", décrit le dominicain Franck Dubois. "Il est toujours en train de marcher et on finit par apprendre qu’il marche vers Jérusalem." Le but de cette marche, Jésus l’avait en effet annoncé au chapitre 8 : "Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite." (Mc 8, 31)
Ainsi, en ce dimanche des Rameaux, "c’est un peu la fin, décrit le dominicain, ça va être la fin et de sa vie sur terre et de cette grande pérégrination qu’il entreprend sur la terre d’Israël. Aujourd’hui il atteint le but : Jérusalem, comme le sommet de l’Évangile."
Lui-même se rend à Jérusalem pour célébrer la Pâque juive. Une fête où les Juifs font mémoire de la sortie d’Égypte, terre d’esclavage. "C’est l’événement fondateur du peuple juif, rappelle le dominicain, un événement qui nous parle de libération, de triomphe de la vie sur la mort." Où les Juifs "font mémoire de la fondation de leur religion, de leur croyance, de leur espérance".
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Jésus, qui est juif, s’inscrit complètement dans cette tradition-là. "Il va célébrer la Pâque bien sûr pour lui donner une signification toute nouvelle. Ce passage ça va être son passage de la mort à la vie, entraînant dans son sillage la terre entière. Il nous fait passer de la mort à la vie." Dans l’évangile de ce dimanche, Marc multiplie les références à l’Ancien Testament.
Certains ont vu dans ce passage d’évangile un lien avec la fête des Tentes, Soukkot. Une fête juive où il est question de feuillages et de manteaux, comme dans l’évangile des Rameaux. Or, cette fête "nous parle de la reconstruction du Temple de Jérusalem". Et Jean, dans son évangile (1, 14), nous dit que Jésus "est celui qui vient planter sa tente parmi nous en devenant homme. Et là c’est le summum, il plante sa tente à Jérusalem, il entre dans le Temple mais lui-même est le Temple."
Dire que Jésus envoie deux personnes chercher un âne, cela n’a rien d’anodin. "Quand il y a un âne on n’est pas loin d’un prophète qui va recevoir l’onction... On est vraiment dans ce sillage de Jésus qui avec la figure de l’âne récapitule beaucoup de choses qui se sont passées dans l’Ancien Testament."
Dans la Bible, en effet, l’âne est à lui seul un thème biblique extrêmement riche. Il y a l’âne de Balaam, dans le Livre des Nombres, "une figure de sagesse" qui parle et qui voit ce que le prophète ne voit pas. Image du triomphe annoncé, l’âne se trouve aussi dans la prophétie de Zacharie : "Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse." (Za 9, 9)
L’âne, on le trouve enfin dans l’histoire de Saül, l’un des grands prophètes d’Israël. Alors qu’il est envoyé par son père chercher un troupeau perdu, au bout du troisième jour il rencontre Samuel qui lui donne l’onction. "Samuel dit à Saül : « C’est moi que le Seigneur a envoyé pour te donner l’onction comme roi sur son peuple, sur Israël. »" (1S 15, 1)
Jésus Christ n’est pas menaçant quand il entre à Jérusalem, il est aussi doux que cet ânon, tout innocent
L’âne c’est bien sûr un animal humble, d’autant plus qu’il est question ici d’un ânon. "Il dit quelque chose de la douceur de celui qui va entrer sur cet ânon, Jésus Christ n’est pas menaçant quand il entre à Jérusalem, il est aussi doux que cet ânon, tout innocent", décrypte Franck Dubois.
Jésus sur un petit âne, on imagine un équipage dérisoire. Ses pieds devaient toucher le sol ! On est loin de l’image que devaient renvoyer les Romains sur leurs chars ! C’est que l’âne est "l’animal messianique par excellence". Et tout au long de la Bible il y a "ce paradoxe entre l’âne et le cheval : le cheval c’est l’animal hautain, c’est la puissance des Égyptiens, des dominateurs, des conquérants violents auxquels Jérusalem essaie de résister et surtout ne pas s’identifier".
Pourquoi l’humilité de l’âne ? "Parce que Dieu peut triompher avec un petit âne et il n’a pas besoin de la force du cheval. Jésus triomphe par sa douceur et non par sa force en prenant l’épée."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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