Le sacrement de l'eucharistie est au centre de la vie de foi des catholiques. "Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson", dit Jésus dans l'évangile de ce dimanche. Jean y rapporte des paroles qui ont de quoi surprendre et même scandaliser. Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque de Digne, nous aide à comprendre ce que signifie "la chair" pour les chrétiens et à entrer dans le langage symbolique de Jésus.
Évangile du dimanche 18 août (Jn 6, 51-58)
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Source : AELF
Ce sont des paroles très fortes que Jésus prononce dans cet évangile. Un passage qui intervient après l'épisode de la multiplication des pains et le dialogue en forme de joute oratoire entre Jésus et "les Juifs". Le pain, mais aussi la vigne et les sarments... Autant d'images qui reviennent très souvent chez Jean, en particulier dans ce chapitre 6 où se trouve ce que les commentateurs nomment le discours du pain de vie.
Jésus utilise quelque chose de très réel, de très concret, pour nous dire une réalité qui dépasse infiniment la matérialité du terme
"Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui." À bien des égards ces propos peuvent surprendre voire choquer. Pourtant, à chaque fois qu'il va à la messe ou au culte, le chrétien les entend. Et le sacrement de l'eucharistie est au centre de la vie de foi des catholiques.
Pour comprendre ce qui est dit dans cet évangile il faut d’abord savoir ce qu’est "le langage symbolique de Jésus", prévient Mgr Emmanuel Gobilliard. Jésus "utilise quelque chose de très réel, de très concret, pour nous dire une réalité qui dépasse infiniment la matérialité du terme". Ce langage symbolique "n’exclut pas la réalité de ce que vivent les gens".
Quand il dit "Je suis le pain vivant", Jésus "parle de ce que l'on connaît, de ce que l'on sait". Quand on mange du pain, on le digère et, petit à petit cela va venir nourrir les cellules de notre corps. "Si je me dis que ce pain c'est Jésus, suggère l'évêque de Digne, je me dis que tout simplement manger Jésus, c'est me laisser rejoindre jusqu’à la plus petite de mes cellules, sous-entendu aussi jusqu'à n'importe quelle petite action de ma vie."
Quand on parle de la chair dans la tradition chrétienne "ça dit plus que le corps", rappelle l'évêque de Digne. Et là où, pour l'apôtre Paul, la chair a une connotation de péché, chez Jean, "ça ne peut pas être du domaine du péché" puisqu'il est dit dès le prologue : "Et le Verbe s’est fait chair" (Jn 1, 14).
"Il y a la notion du don, il y a la notion de la transmission dans la chair, il y a la notion de l'unité de la personne aussi. Dans une conception plus hébraïque, c'est toute la personne... C'est tout ce que je suis et je ne peux pas être autrement que cela parce que je suis un Homme. Quand le verbe se fait chair, ça veut dire qu'il prend toute notre humanité."
Jésus dit que sa chair est donnée pour "le monde". Un mot qui, là encore, ne prend pas exactement la même signification chez Jean et Paul. Ce dernier parle du "monde" comme d'une difficulté à être avec Dieu. Chez Jean, "la relation est beaucoup mise en valeur", nous dit Mgr Gobilliard. "C'est-à-dire que pour qu'il y ait don, il faut qu'il ait relation. Le monde, c'est cette réalité qui doit accueillir Dieu et c'est cette réalité à laquelle Dieu se donne lui-même. En fait c'est chacun d'entre nous, le monde."
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