Lors de la fête du Christ Roi, on lit un passage de la Passion du Christ : le célèbre dialogue entre Jésus et le bon larron. Cet évangile nous place au cœur du mystère chrétien : comme le dit saint Paul, Dieu se révèle sous les traits d’un crucifié. Scandale pour les juifs et folie pour les païens. Mais au cœur de la déroute, une espérance jaillit : "Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis", dit Jésus au brigand. La bibliste Corinne Protais, membre de la communauté du Chemin neuf, assure le commentaire de l'évangile, au micro de Béatrice Soltner.
Évangile du dimanche 20 novembre (Lc 23, 35-43)
Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Source : AELF
Ce dimanche est le dernier avant le temps liturgique de l'Avent. En cette fin d'année liturgique, on lit le récit de la Passion du Christ. Les quatre évangélistes l'ont raconté avec le même souci de rigueur. Avec cette "conviction que le vrai visage de Dieu et le vrai visage du Christ s'y révèle", note Corinne Protais. La conviction aussi que ce que Jésus a vécu va nous aider à vivre nous aussi ces moments "de mort, de souffrance de non-sens".
Dans l'évangile de Luc on n'insiste pas sur la souffrance du Christ au moment de sa Passion. "Luc garde vraiment ce Jésus digne, ce Jésus qui reste maître de lui-même, à la fois tourné vers son Père et tourné vers les autres", observe la bibliste. Jésus est encore capable de paroles, puisqu'au verset précédent, il dit "Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font" (Lc 23, 34). "Il est encore en prière avec son Père, commente Corinne Protais, il est encore capable de se soucier des personnes qui sont autour de lui, de ceux que le Père lui a confiés." C'est bien "la miséricorde de Dieu" qui transparaît dans ce texte, précisément à un moment critique.
Le messie, l'élu... Quand les chefs religieux emploient ces mots pour désigner Jésus, c'est pour le tourner en dérision. "C'est vrai, ils ont raison, ça prête quand même à dérision, reconnaît Corinne Protais, qui peut comprendre quelque chose là-dedans ?" Si en effet Jésus est le messie - c'est-à-dire le Christ, celui qui a reçu l'onction - ou bien l'élu - celui qui a été choisi par Dieu - pourquoi meurt-il sur une croix ? Les chefs des prêtres ont en tête le modèle d'un Dieu puissant et fort.
Dans le judaïsme, Dieu est le roi. "Ce qui reste comme une assurance, c'est que Dieu est le roi et que Dieu va être le roi de l'univers", explique Corinne Protais. Et dès l'Annonciation, l'ange dit à Marie : "Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père" (Lc 1, 32). Ainsi, dans toute l'histoire de Jésus, il est question de la royauté de Dieu. "Il est le signe de la royauté de Dieu dans le monde." Une royauté paradoxale...
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