Le temps de Noël se prolonge après la fête du 25 décembre. Une fête où pour les chrétiens Dieu s’incarne et révèle. Quelle relation entretient-on avec Dieu dans le judaïsme ? Dieu est-il un ami, un confident, un Dieu d'amour ? Réponses de Julien Darmon, sociologue des religions, spécialiste de littérature rabbinique et éditeur chez Albin Michel. Il a contribué à la rédaction de l'ouvrage "Histoire juive de la France", sorti en octobre 2023.
Il y a un lien entre Dieu, le Temple de Jérusalem et la fête de Hanoucca. Lors de cette grande fête juive du mois de décembre, on commémore une victoire militaire - la victoire des Maccabées sur les Séleucides au IIe siècle av. J.-C. Le temple "qui avait été profané par les hellénistes" est récupéré, "purifié et on procède de nouveau à sa dédicace". Aujourd’hui, c’est surtout "l’aspect miraculeux" de la fiole d’huile que l’on célèbre à Hanoucca. Et cette fiole qui avait assez d’huile pour brûler un jour a brûlé huit jours, le temps que l’on fabrique de l’huile pure.
Retrouver l’accès au Temple, dans le judaïsme antique, c’est renouer la relation avec Dieu. "On a du mal à l’imaginer parce que nous, on est les produits d’une histoire de la destruction du Temple qui a eu lieu il y a près de 2000 ans, explique Julien Darmon, pour nous un judaïsme sans Temple ça paraît une évidence mais il faut se replacer dans le contexte de l’époque."
Jusqu’au au milieu du premier siècle de l’ère chrétienne, le rapport à Dieu "c’est apporter des sacrifices au Temple, c’est l’expiation de péchés qui se fait une fois l’an quand le grand prêtre entre dans le Saint des saints pour procéder aux rites de Kippour…" Le Temple, c’est pour les Juifs de l’Antiquité le lieu où l’on peut offrir des sacrifices pour expier ses fautes.
Un judaïsme sans Temple, c’est un judaïsme qui prend le risque de ne pas avoir de rapport à Dieu, décrit Julien Darmon, c’est une grande angoisse
Dès lors, que se passe-t-il si le Temple est détruit ? "Un judaïsme sans Temple, c’est un judaïsme qui prend le risque de ne pas avoir de rapport à Dieu, décrit Julien Darmon, c’est une grande angoisse." Le Temple de Jérusalem a été détruit pour la seconde fois en 70 après Jésus-Christ. "Ça a été tout le travail du judaïsme rabbinique mais aussi dans une autre branche du christianisme de penser : Qu’est-ce qu’on fait de cette foi biblique dans le contexte où il n’y a plus le Temple ?"
La destruction du Temple a conduit les rabbins à considérer que "finalement, ce qui compte dans le sacrifice, ce n’est pas tant l’acte matériel, c’est l’intention qui préside à la chose". Une réflexion qui permet de laisser toute sa place à l’image d’un père miséricordieux…
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