Pour les chrétiens, Jésus, qu’ils reconnaissent comme le Messie, a vaincu la mort puisqu'il est ressuscité. Qu’en est-il chez les juifs pour qui le Messie n’est pas encore venu ? Y a-t-il une vie après la mort ?
Pour les chrétiens, Jésus, qu’ils reconnaissent comme le Messie, a vaincu la mort puisqu'il est ressuscité. Qu’en est-il chez les Juifs pour qui le Messie n’est pas encore venu ? Y a-t-il une vie après la mort ? Réponses de Jonas Jacquelin, rabbin au sein de Judaïsme en mouvement, de la synagogue Copernic à Paris, et enseignant à l'Institut catholique de Paris.
Dans le judaïsme, pour comprendre la question du mal ou savoir s’il existe une vie après la mort, on interroge et on interprète les textes : que dit la Torah ? Que dit le Talmud ? Il n’y a pas en effet d’instance officielle pour émettre des dogmes comme par exemple dans l’Église catholique. Au sujet de la vie après la mort et de l’idée de résurrection, il y a "très peu d’éléments" dans les textes bibliques, note le rabbin Jonas Jacquelin.
Il y a toutefois deux passages, dans les Livres de Samuel et des Rois, qui ont de quoi nous interpeller. Ainsi, le roi Saül, par l’intermédiaire d’une cartomancienne, parvient à voir Samuel alors que ce dernier est mort. Mais que voit-il vraiment ? "Ce n’est pas très clair, note Jonas Jacquelin, est-ce véritablement Samuel qui revient ? Ou est-ce qu’il s’agit d’une vision qui serait la sienne à ce moment-là dans un mélange de rêve et de cauchemar ?" Difficile de dire qu’il y a là l’idée de résurrection. "Même chose avec le prophète Élie… on ne sait pas trop s’il est mort."
Dans le judaïsme, on puise donc dans la Torah mais aussi dans le Talmud, qui est un corpus de textes de commentaires de la Bible. On peut remarquer qu’après la révolte des Maccabées, qui a eu lieu en Judée autour de 167 avant notre ère, "on va voir apparaître à ce moment dans un moment de combat, de résistance, dans lequel il y a une très forte mortalité notamment chez des jeunes gens, l’idée d’une vie potentielle après la mort".
C’est donc à cette époque qu’on trouve l’idée du jardin d’Éden et du paradis. Et aussi celle d’un Messie qui "au moment où il arrivera, toutes les âmes des défunts vont renaître sortir de terre et le suivre, l’accompagner jusqu’à Jérusalem". Mais toutes ces croyances font l’objet de discussions et "parfois, de consensus".
Aujourd’hui, dans la liturgie juive quotidienne, on parle d’un "Dieu qui fait revivre ceux qui sont morts". L’idée de résurrection est donc "évoquée comme un principe absolument majeur", souligne Jonas Jacquelin, "mais qui, au fil des époques et des courants de pensées, va évoluer". Par exemple, sous l'influence de la Haskala, un courant du judaïsme influencé par la philosophie des Lumières, on a "tendance à voir dans ces croyances quelque chose de métaphorique".
En hébreu, le cimentière se dit beth ha-hayyim, c’est-à-dire "la maison des vivants". "Certains verront peut-être la volonté de ne pas nommer ce qu’est notre ultime passage, la mort, et de parler de la vie plutôt que la mort. D'autres pourront dire que ceux à quoi on pense dans un cimetière, c’est le fait que tous ceux qui sont là couchés autour de nous, avant tout ont été des vivants."
Durant les sept jours qui suivent l’enterrement, la communauté entoure les proches du défunt. Et leur apporte des plats qui ont une symbolique particulière : des lentilles, des œufs… "Des plats ronds pour rappeler le cycle de la vie, une roue qui tourne."
La prière du kaddish est souvent associée au deuil. C’est une prière où l’on ne mentionne pas le nom du défunt. "En réalité le kaddish peut se dire à différents moments de la vie juive, explique le rabbin Jonas Jacquelin, c’est avant tout une prière de vie, qui dit la grandeur du nom de Dieu."
Quand on prononce le kaddish à l’occasion d’un deuil, c’est pour "montrer que le défunt laisse une trace puisqu’il y a des gens, en l’occurrence nous, les vivants, qui sommes là pour évoquer la vie, qui sommes là pour magnifier la vie, dire la grandeur du nom de dieu, en son souvenir, à sa mémoire et montrer que ce qui nous rassemble avant tout c’est l’attachement à cela."
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !