Semaine sainte : qu'est-ce que le lavement des pieds ?

Les origines du lavement des pieds

Podonipsie en grec. Pedilavium en latin. Mandatum, voire Mandé au Moyen-Âge. Autant de mots que l’on n’utilise plus aujourd’hui et qui désignent le lavement des pieds. Depuis les premiers temps de l’Église primitive, ce geste pratiqué par le célébrant, durant le Jeudi saint, envers plusieurs personnes de l’assemblée, prend sa source au dernier repas du Christ avec ses apôtres. Un geste très fort en symboles, et en sens.

La veille de sa Passion, avant de se mettre à table pour la Cène, Jésus Christ lave en effet les pieds de ses apôtres. Un geste que l’on retrouve avant dans l’Évangile, lorsqu’une femme oint de parfum les pieds du Christ chez Simon le pharisien, avant de les essuyer avec ses larmes. Une préfiguration du percement des pieds de Jésus sur la Croix, le soir de sa passion. Un geste honorifique que l’on retrouve également chez saint Paul.

Un geste symbolique

Le lavement des pieds prend une dimension particulière dans les monastères, où les pères abbés lavent les pieds des frères sous leur responsabilité. Frère Jacob, moine de l'abbaye de Lérins, raconte : "Le Père Abbé, dans la salle du chapitre, va se mettre à genoux devant chaque frère pour leur verser de l'eau sur un pied et puis l'essuie et lui baise le pied pendant que toute la communauté chante un cantique. À la fin, ce sera le prieur, c'est-à-dire son second, qui va lui laver les pieds." Geste d'humilité et de respect, le Frère Jacob en détaille la portée spirituelle. "C'est un geste d'humilité, d'humiliation, d'anéantissement et, de fait, on va vers le vendredi saint."

Un appel à se mettre au service des plus pauvres

Le lavement des pieds, traditionnellement effectué par des serviteurs ou des esclaves, prend un sens certain venant du Christ lui-même. Par ce geste auprès de ses apôtres, Jésus montre qu’il n’est pas venu "pour être servi mais pour servir". Avant la Cène, Jésus rappelle à ses apôtre l’exemple de l’humilité enseignée durant toute sa vie terrestre. "Le plus grand parmi vous sera votre serviteur : quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé" (Matthieu 23.12).

Ce geste n’a d’ailleurs pas été compris tout de suite par les apôtres du Christ. Notamment par Pierre, qui s’y oppose dans un premier temps. "Toi, Seigneur tu me laverais les pieds ?", s’indigne-t-il. Le Christ lui répond : "Ce que je suis en train de faire, tu ne le sais pas maintenant mais tu comprendras plus tard". Pierre refuse une nouvelle fois avant de s’incliner face à la volonté de Jésus. "Si je ne puis te laver les pieds, tu n’auras pas ta part auprès de moi". Une véritable invitation au service de son prochain, et notamment des plus pauvres.