Notre-Dame de Paris, la culture chrétienne et la découverte du ChristDans quelques jours, la France s’apprête à célébrer la réouverture de Notre Dame de
Paris. Le mot n’est pas trop fort si l’on se souvient de l’émotion qu’a suscité l’incendie qui a
failli provoquer sa destruction. Et puis, sa reconstruction a suscité l’adhésion, comme le
montre un sondage publié lundi dernier dans le quotidien La Croix, et même une forme de
fierté nationale, compte-tenu de l’exemplarité de ce chantier hors-norme qui aura été à la fois
une prouesse architecturale et une démonstration du savoir-faire de l’artisanat.
Bien sûr, l’attachement à Notre-Dame de Paris n’est pas le même pour tous mais, toujours
d’après le même sondage, il va bien au-delà du cercle de plus en plus restreint des seuls
fidèles catholiques. Le sociologue des religions, qui en commente les résultats dans le journal,
souligne un attrait marqué des nouvelles générations pour un religieux non institutionnel
mais patrimonial.
A cet égard, le parcours de Marguerite Stern est exemplaire. Cette jeune femme est une
ancienne Femen, de celles qui se dépoitraillaient dans les églises pour attirer l’attention sur
certaines causes et dénoncer toute sorte de conservatismes. Elle a récemment expliqué que,
bien que non-croyante, elle a été très touchée par l’incendie de Notre-Dame et que ce fut pour
elle l’occasion de redécouvrir une partie de son identité.
Il y a bien sûr une ambigüité dans ce sentiment d’appartenance à la civilisation chrétienne
chez ceux qui, par ailleurs, n’arrivent pas encore à croire à la Résurrection, ni à reconnaître
Jésus comme le Fils de Dieu. Ce serait une erreur de ne voir le catholicisme qu’en garant d’un
certain ordre social, en l’expurgeant au passage du Christ et de ses discours par trop
révolutionnaires. Mais ne caricaturons pas non plus ces chrétiens culturels, fussent-ils
simplement en recherche de repères au sein d’une modernité où la transmission est de plus
en plus complexe, où l’homme semble de plus rien reconnaître au-dessus de lui, où la beauté
est souvent piétinée.
Il me semble que l’émerveillement en rentrant dans une église, qu’elle soit une grande
cathédrale ou une petite église de campagne, est déjà un premier pas vers une conversion.
Tous ceux qui prennent soin de notre patrimoine chrétien, par exemple au sein de ces
associations qui se mobilisent pour sauvegarder l’église de leur village, même s’ils ne le font
pas en raison de leur foi en Christ, œuvrent pour préserver, à la fois pour eux-mêmes et pour
les générations futures, une capacité à l’enchantement, une ouverture au mystère.
Pourvu que toutes nos églises restent ainsi des lieux de rencontre pour tous, avec les
chrétiens quel que soit leur degré de foi, et, pourquoi pas, avec le Christ lui-même.