3 février 2023
Il faut, bien sûr, sauver les églises
Vianney Lecointre, diacre du diocèse de Séez dans l'Orne, revient sur l'avenir incertain de nos clochers:
"Il y a quelques jours, l’ancienne ministre de la culture, Roselyne Bachelot, créait la polémique au cours d’une émission de télé en déclarant qu’il fal-lait arrêter de sauver les petites églises sans intérêt, notamment celles du XIXème siècle, malgré la connotation affective qu’elles pouvaient avoir.
Elle a certainement tort de l’exprimer de cette manière. Les églises, même modestes à tout point de vue, sont souvent le seul patrimoine re-marquable des communes et sont constitutives de leur identité. Il est donc essentiel de les préserver. Notre époque ne peut quand même pas ne lé-guer à ses successeurs que des ronds-points. Et d’ailleurs sauver une église, c’est utile : cela permet de créer du lien social, de fédérer la popula-tion (alors que démolir divise), de soutenir l’économie locale et des savoir-faire précieux, d’œuvrer pour le développement rural, pour la qualité de l’environnement et des paysages, de favoriser l’intégration de nouvelles populations en leur permettant de mieux appréhender la culture du pays dans lequel elles arrivent . C’est si vrai que la plupart des communes res-tent bien conscientes de l’enjeu et qu’en fait l’essentiel des églises restent bien entretenues. Elles sont en définitive très peu nombreuses à avoir été détruites ou à être menacées à brève échéance.
Mais là où Mme Bachelot a un peu raison, c’est quand elle dit aussi que les citoyens qui veulent sauver leur église doivent se prendre par la main ! La première chose à faire est déjà de se servir des églises en question, en commençant par les ouvrir. Malgré les vols et les dégradations toujours possibles, ce qui nécessite bien sûr d’être vigilant et de s’en occuper, une église ouverte est bien moins menacée qu’une église perpétuellement fer-mée qui risque d’être délaissée, oubliée et en définitive abandonnée. Nos églises doivent être des lieux ouverts à tous, sans demander de carte d’identité, sans faire payer, rien de moins banal aujourd’hui ! L’église doit être ce lieu rare où l’hospitalité est inconditionnelle où chacun, quel qu’il soit, doit se sentir le bienvenu. C’est une maison commune qu’il fait bon habiter et il est souhaitable de créer les conditions pour que la population ou les visiteurs occasionnels puissent en quelque sorte se l’approprier, y compris pour différentes activités culturelles respectant la spécificité du lieu et son affectation.
Mais j’aimerais revenir une prochaine fois aussi sur le rôle que les églises peuvent encore jouer à mon avis dans la Pastorale, même quand elles ne sont plus à proprement parler siège d’une paroisse. A bientôt !"
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